Midnight Special, la traque de l’ennui

Le réalisateur Jeff Nichols (Take Shelter notamment) fait son retour avec Midnight Special, un film de science-fiction mettant un père et son fils aux prises avec les autorités gouvernementales, qui souhaitent mener des expériences sur l’enfant de huit ans.

Alton Tomlin (Jaeden Lieberher) est un enfant qui fascine. Doté de pouvoirs surnaturels inexpliqués, il se retrouve sous l’emprise du Third Heaven Ranch, une sorte de secte religieuse qui voit dans l’enfant une forme de sauveur. Les autorités, au travers de l’analyste Paul Sevier (Adam Driver) finissent par en entendre parler et se mettent à sa recherche. FBI, NSA et armée, tout le monde y participe afin de retrouver l’enfant qui leur semble être une menace. Traqués, Alton et son père Roy (Michael Shannon) n’ont d’autre choix que de partir en cavale à travers les Etats-Unis afin d’échapper à tout ce monde, avec l’aide de Lucas (Joel Edgerton), un ami.

Une ambiance et rien d’autre

Quelques personnes en pleine hâte, soucieuses en écoutant les informations, prennent la fuite à bord d’un véhicule dans l’obscurité la plus totale. Voilà la scène d’introduction qui pose dès les premières secondes une ambiance particulièrement sombre et pesante, on nous annonce du mystère et on en aura.
La suite du film porte essentiellement sur la relation entre le fils et son père, et ce que va être prêt à faire ce dernier pour que son enfant ne tombe pas entre les mains de quelques illuminés ou d’autorités qui vont probablement en faire un sujet d’expérience. Leur fuite en avant a un but tout de même : trouver un endroit mystérieux où l’enfant aurait quelque chose à accomplir.

Au bout de cette aventure, peu d’explications, et même aucune réponse. Le film n’a pas pour objectif de raconter une quelconque histoire de science-fiction, ces pouvoirs que possède l’enfant ne sont qu’un prétexte à raconter une histoire d’amour paternel. L’ambiance posée dès les premiers instants est vraiment très bonne et annonçait un film agréable. Pourtant, le réalisateur se perd rapidement et Midnight Special n’est finalement qu’une coquille vide : c’est joli, et c’est tout. D’ailleurs Jeff Nichols a plutôt bien résumé le problème dans un éclair de lucidité à l’occasion d’une interview.

Au départ, j’avais juste une image en tête : deux hommes en voiture, roulant dans la nuit, tous feux éteints et à pleine vitesse, sur une route du sud américain. Une ambiance, quelque chose d’énigmatique, de sombre, qui m’a en quelque sorte tiré vers la science-fiction. Mais pour raconter quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée.
— Jeff Nichols, interview pour Télérama, 2016.

Il ne se passe pratiquement rien, les personnages secondaires (celui incarné par Adam Driver en tête) n’ont aucun intérêt et les mystères ne sont jamais levés. Il est même difficile de s’attacher aux personnages principaux tant le récit se détourne sans arrêt vers des intrigues qui auraient pu être intéressantes mais qui sont abandonnées les unes après les autres sans explication. On nous balance toute sorte de conneries sans queue ni tête dans le simple but de dire « regardez c’est mystérieux », comme si toutes les incohérences et facilités du scénario pouvaient se justifier par le simple mystère ou quelconque délire métaphysique.

La fin est à la hauteur du reste : ça n’a aucun sens, elle n’apporte aucune réponse et finalement on est juste content de voir les crédits s’afficher afin de vite oublier une purge comme on en fait rarement. Je ne retiens que la scène d’introduction particulièrement réussie, mais cela ne suffit pas à donner la moindre consistance à un film chiant comme la pluie.

4 commentaires sur “Midnight Special, la traque de l’ennui

  1. Je ne l’es pas trouvé chiant mais pas aussi prenant que ce qu’il annonçait. Et clairement très déçu par la fin. En ressortant j’ai eu l’impression que le scénariste avait perdu en route son idée ou qu’il ne savait pas où il allait. Comme tu l’as dit, beaucoup de choses intéressante ont été développé mais rien n’a jamais été approfondi. tout était trop superficiel et au final ça a fini comme un pétard mouillé. Je n’ai pas comprit la fin ni la réaction des parents qui somme toute, prenne ça plutôt bien. Des réponses sur le pourquoi cet enfant né sur notre terre avait au final d’autres origines auraient été sympa par exemple

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    1. En lisant l’interview de Jeff Nichols pour Télérama, on peut voir qu’il n’a jamais eu l’intention de faire de la science-fiction le propos principal de son film. Du coup le fait de n’avoir aucune réponse n’est pas une surprise, et presque normal, lui il raconte juste les sacrifices d’un père pour son fils « différent ». Le problème c’est que c’est mal exécuté : Pourquoi consacrer ces scènes interminables à la recherche de l’explication par Adam Driver si au final on ne nous dit rien ?

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  2. « ces pouvoirs que possède l’enfant ne sont qu’un prétexte à raconter une histoire d’amour paternel.  » bien sûr mais je ne vois pas en quoi c’est péjoratif. Personnellement ça a été ma grosse claque de l’année, c’est tellement rare un film qui sait prendre son temps. Une œuvre n’a pas besoin de tout expliquer, le spectateur est un voyeur intelligent qui peut justement divaguer sur le récit =)

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    1. Le film a beaucoup été teasé sur l’aspect science-fiction et le mystère qui se cache derrière les pouvoirs du gamin. Du coup à l’arrivée, j’ai été déçu que ce ne soit qu’un prétexte. Mais j’aurais du m’en douter, le film ressemble finalement à ce que fait habituellement Jeff Nichols, et si on le prend dans ce sens c’est probablement une réussite.

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