Love, Death + Robots – Saison 1, de la violence et des robots

Anthologie de courts métrages animés, Love, Death + Robots est une série produite par David Fincher et Tim Miller pour le compte de Netflix, qui ont invité plusieurs réalisateurs, scénaristes et studios d’animation à venir proposer leur vision de l’amour, de la mort et des robots. Un projet ambitieux et particulièrement séduisant, même si son exécution est un dur retour à la réalité.

Proposer une anthologie de courts métrages animés sur Netflix est une idée particulièrement intéressante. Le genre de l’animation est assez peu populaire curieusement, souvent (à tort) considéré dans nos contrées comme destiné uniquement aux enfants, il suffit de voir la programmation au cinéma pour s’en convaincre. Alors quand David Fincher se lance dans la production d’une anthologie qui parle de robots et de créatures horrifiques (et très peu d’amour), il est bien difficile de rester insensible, quand bien même il n’ai pas grand chose à voir là-dedans.

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Human I Love

Love, Death + Robots a mis une « claque » (diable, que je déteste cette expression) à bon nombre de personnes, il suffisait de voir les retours à sa sortie en mars dernier. Animation léchée et univers artistiques très divers, l’anthologie produite par le populaire cinéaste s’impose comme une expérience curieuse. C’est l’occasion pour des studios de faire parler leurs talents dans des courts métrages qui reprennent le plus souvent le thème de la violence. Le défi technique est considérable, pourtant l’anthologie s’en sort plutôt bien en livrant dix-huit œuvres qui forment un tout plutôt intéressant. On est le plus souvent en admiration face à la qualité de l’animation des courts, qu’il s’agisse de dessin animé, d’image de synthèse 3D à la frontière du « photoréalisme », on reste admirateurs devant le travail effectué. Et le plaisir visuel n’en est que décuplé lorsque l’on voit à quel point la direction artistique est soignée, avec des univers très différents, dont certains rappellent d’autres souvenirs. A l’image du travail de Cédric Peyravernay sur le court « L’avantage de Sonnie » qui rappellera sans mal quelques souvenirs aux personnes qui ont parcouru les ruelles de Dunwall dans le jeu « Dishonored » du studio français Arkane. Dans l’ensemble Love, Death + Robots est très bien produit, les courts métrages profitent tous d’un formidable soin du détail, de bandes originales souvent géniales et d’une vraie personnalité.

Je pense notamment à un épisode comme « Le témoin », une histoire qui débutent alors qu’une jeune femme, à Hong Kong, est témoin d’un meurtre en regardant par la fenêtre. Dans une ville crasseuse et gangrenée par le crime et la perversité. Si l’histoire n’a pas beaucoup retenu mon attention, c’est là encore la direction artistique, la manière de mettre en scène la ville et ses ruelles, ainsi que la qualité de l’animation qui font mouche. Véritable prouesse technique, le court métrage est vraiment impressionnant. Un peu comme le court « Lucky 13 » à la limite du photoréalisme, qui met en scène l’actrice Samira Wiley dans une version plus vraie que nature au sein d’une guerre futuriste. Encore une fois, Love, Death + Robots ne passionne pas par son originalité, mais par le studio d’animation responsable du court métrage qui livre quelque chose d’assez incroyable. Je retiens toutefois un court qui a eu toute mon attention, au-delà de ses qualités visuelles : l’épisode « Bonne chasse », un dessin animé qui reprend la légende d’Asie de l’Est à propos du « renard à neuf queues ». Passionnante fable adaptée à la sauce du colonialisme et du patriarcat, l’épisode est une pépite qui place la créature dans un univers steampunk surprenant. Réussite complète, cet épisode est le véritable moment où Love, Death + Robots dépasse son modèle initial (violence visuelle) pour proposer une œuvre complète. Je pourrais aussi citer « Les trois robots » qui reprend la fascination d’internet autour des chats, un moment très drôle, ou « Histoires alternatives » qui présente six histoires improbables où Hitler meurt avant la seconde guerre mondiale dans une comédie grinçante.

Human I Hate

Néanmoins l’anthologie peine à sortir de son carcan, laissant une place terriblement importante à la violence et la mort. Créatures maléfiques, humains pas beaucoup plus gentils et robots qui tapent fort, l’anthologie que nous propose Netflix peine sévèrement à nous parler « d’amour », l’un de ses supposés thèmes. Si plusieurs studios et artistes ont travaillé sur les courts métrages, on remarque qu’une très grande partie d’entre eux est scénarisé par la même personne, Philip Gelatt. C’est quelque chose qui se ressent facilement au visionnage tant la structure narrative se répète, faisant la part belle au « choc visuel » de la violence (et si possible envers les femmes) plutôt qu’à ses conséquences, à tel point que certains courts deviennent indigestes, à l’image de « Une guerre secrète » où des soldats soviétiques combattent des monstres dans la forêt -avec un faux-air de Metro 2033-, un spectacle favorable à une violence exacerbée. On reste certes admiratifs tant la direction artistique de l’anthologie est géniale, avec une vraie cohérence malgré les univers variés et les techniques d’animation qui se renouvellent sans cesse, mais l’ensemble se révèle finalement assez peu intéressant tant l’anthologie tire sans cesse sur la même corde. Les clichés de la science-fiction sont nombreux, et quelques mois après le visionnage, sur les dix-huit courts métrages je serais bien incapable de vous en citer beaucoup plus que ceux que j’ai déjà abordé dans cet article.

Love, Death + Robots est indéniablement une expérience intéressante : l’anthologie fonctionne très bien et on nous sert de nombreux épisodes qui sont d’une beauté assez folle grâce à une direction artistique souvent impressionnante. Mais à trop jouer sur la violence et la mort l’anthologie perd de vue l’un de ses thèmes, jusqu’à une certaine lassitude qui lui fait perdre de sa beauté. Plus expérimentation que réussite, il n’en reste pas moins que l’anthologie nous livre quelques jolies pépites, à l’image des épisodes « Bonne chasse » et « Le témoin », alors on lui pardonne quand même ses imperfections, juste pour le plaisir de voir quelques très belles productions.

5 commentaires sur “Love, Death + Robots – Saison 1, de la violence et des robots

  1. On est très raccord dans nos avis. Bonne chasse et Trois robots font partie de mes préférés également. Tu n’as pas trop de souvenir de L’oeuvre de Zima ? J’avais trouvé qu’il sortait de l’ordinaire des 18 épisodes dans son propos.

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  2. Très chouette article, et je rejoins globalement ton avis. J’ai pas trouvé que la violence était excessive (quand on te dit que c’est par le réalisateur de Deadpool, tu te doutes un peu), mais en effet il y a un sentiment de manque de substance sur certains épisodes. Quoi qu’il en soit, ça reste une belle proposition et qui contient quelques pépites. Espérons que si suite il y a, ce sera encore plus abouti.

    NB : Tu ne l’as pas mentionné donc je ne sais pas si tu le sais, mais le réalisateur de l’épisode 3 a travaillé sur Into the Spider-Verse. D’où la grosse similitude en terme d’animation !

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