INFINITE – The Eye, de la survie du désespoir

Le boys band coréen INFINITE est de retour avec The Eye, chanson titre du mini-album Infinite Only. Toujours produits par Woollim Entertainment, ils s’intéressent au sentiment de désespoir au travers d’une chanson et d’un clip particulièrement soignés.

Je ne suis pas un grand fan du groupe, si j’ai aimé quelques chansons par le passé (Be Mine, Back) je n’ai suivi le groupe que de très loin sans aimer ni détester ce qu’ils chantaient. Mais The Eye a attisé ma curiosité, et puis j’ai tellement parlé d’idoles coréennes féminines qu’il était intéressant d’aller voir ce qui se passe du côté des gars. Comme d’habitude, j’accorde plus d’importance au clip qu’à la chanson, même si celle-ci est aussi intéressante, au même titre que le mini-album qu’ils proposent pour ce comeback.

Déprime et idées suicidaires

Avec un sous-titre pareil, je risque de vous perdre. En réalité, le clip m’a intrigué car il peut être interprété de différentes manières : il colle aux paroles de la chanson qui racontent l’histoire d’une séparation douloureuse, d’un homme qui parvient enfin à passer à autre chose, mais qui au fil des mots se retrouve à nouveau emprisonné dans les yeux de l’être aimé. Mais on va voir que le cheminement de la chanson va curieusement à l’opposé du clip, puisque celui-ci montre un homme au départ complètement désespéré qui va peu à peu trouver la lumière et « revivre ».
Tout commence sur un plan large montrant un membre du groupe, héros du clip, dans une ruelle sale et sous un temps qui ne donne pas très envie de se balader. Il est traîné au sol par une entité invisible et se retrouve dans un lieu clos où il se met un sac sur la tête et s’étrangle lui-même. Ce qui apparaissait à l’origine comme un kidnapping peut symboliser en réalité le fait que le héros soit attiré à nouveau, contre son gré, vers la douleur et le désespoir qu’un événement a pu causer. Il est lui-même responsable de sa douleur puisqu’il s’enferme de lui-même dans cet état émotif. La chanson parle d’une rupture, et au terme des paroles de celle-ci l’homme retombe dans le piège des sentiments désormais douloureux qu’il éprouve pour une personne. Et les scènes suivantes vont appuyer cette idée, avec la tempête qui s’infiltre dans la maison, comme si son monde se détruisait. Mais là où le clip s’éloigne des paroles de la chanson, c’est sur les causes de ce désespoir : peu après le héros est éloigné de force de la lumière qu’il semble vouloir approcher, après s’être remémoré de ses amis (les autres membres du groupe). Comme s’ils avaient disparus, et qu’il était rattrapé peu à peu par le désespoir causé par leur perte. Et toutes les scènes suivantes vont suivre cette structure, avec un héros qui tente de s’éloigner du souvenir de ses amis pour aller vers la lumière, en s’éloignant de quelques mots qui apparaissent au cours du clip (fear, despair, sadness, regret…) : c’est l’exact inverse des paroles de la chanson, où le héros sombre peu à peu. A la fin, la lumière (symbolisée par l’ampoule qui est rallumée par un de ses amis) apparaît, le héros peut donc enfin retirer le sac qu’il s’était mis sur la tête et retrouver le cours de sa vie. Le clip se conclut alors sur une photo du groupe sortie d’un porte-feuille, et on peut dire qu’il a fait le deuil de son passé. Plus qu’une rupture difficile, le clip nous raconte plutôt l’histoire d’un homme qui tente de s’en sortir mais est sans cesse rappelé par ses démons, ses souvenirs, jusqu’à ce qu’il soit capable de lâcher prise et passer à autre chose.

J’ai trouvé cette idée intéressante, car elle s’appuie largement sur le marketing de la K-Pop qui souvent veut faire en sorte de prouver que les membres des groupes sont extrêmement proches et forment une « famille ». Les fans sont friands de ces procédés, et c’est toujours une bonne idée d’en tirer partie. Ici le clip ne s’attache pas à raconter l’histoire d’amour décrite par la chanson et prend plutôt l’angle de l’amitié avec un héros qui ne parvient pas à oublier ses amis, les autres membres du groupe. On pourrait pousser l’interprétation plus loin en disant que l’opposition entre les paroles où le héros sombre à cause de (ou grâce à) l’amour et le clip où le héros survie grâce à (ou à cause de) l’amitié s’intéresse à l’impact des relations amoureuses et amicales sur une personne, mais je ne suis pas sûr que le réalisateur ai vu plus loin que l’aspect marketing.
En parlant du réalisateur, il met largement à profit la tempête pour proposer des jeux de lumière intéressants, avec une esthétique qui rappelle parfois des films d’horreur ou des thrillers coréens où tout est sale et délabré.

Un mini-album solide

La chanson titre, The Eye, est une piste pop au tempo variable qui rappelle assez largement Back du même groupe. En dehors du break électro peu inspiré au milieu de la chanson, j’ai trouvé la chanson excellente. Quant au reste du mini-album, il est plutôt efficace. L’intro instrumentale nommée Eternity avec des faux airs de symphonie pop est plutôt sympa, mais on a ensuite affaire (outre la chanson titre) à AIR, une musique électro agressive qui m’a rapidement déstabilisé (la grippe y est peut-être pour quelque chose cependant)  tant j’ai eu l’impression qu’on me criait dans les oreilles pour pas grand chose, la faute à une instrumentale chiante comme la pluie qui enchaîne les samples sans génie. Heureusement ça le nivau remonte vite avec One Day, une chanson plus conforme à l’idée que je me fais habituellement de INFINITE (mais je peux me tromper) : c’est un titre pop qui laisse plus de place aux (belles) voix qu’à la musique, le riff de guitare que l’on entend en fond est très agréable et c’est à mes yeux le meilleur titre du mini-album avec The Eye. Thank You est une ballade soutenue par une guitare acoustique, et qui se repose sur l’harmonie des voix lors des refrains. C’est le type de chanson que je peux imaginer entendre lors d’une scène nostalgique d’un drama et donc ça fonctionne plutôt bien sur moi, encore plus lorsque le solo de guitare électrique se fait entendre près de la fin. Enfin, Zero et True Love sont des chansons pop-électro plutôt sympathiques qui se laissent écouter et qui remplissent parfaitement le rôle de pistes secondaires dans un mini-album très intéressant, qui est une des bonnes surprises de l’année. En écrivant ces lignes je crois bien que je vais finir par adorer Zero, d’ailleurs…

Les INFINITE font donc un très bon comeback auquel je ne m’attendais pas. Le clip est bien senti et bien mené par le réalisateur, en abordant la question du désespoir sous deux angles différents (l’amour et l’amitié). Le mini-album lui est d’aussi bonne facture, si je peux lui reprocher de ne pas proposer de titre réellement mémorable en dehors de la chanson titre, j’admet volontiers que l’écouter (et le réécouter) est un plaisir.

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