Oppression, maladresses et facilités

Farren Blackburn, connu pour avoir réalisé quelques épisodes de séries (Doctor Who, Daredevil) tente sa chance du côté du thriller horrifique avec Oppression, un quasi huis-clos où l’héroïne semble poursuivie par une entité qui lui veut du mal.

A la suite d’un accident de voiture qui a tué son mari, la psychologue Mary Portman (Naomi Watts) se retrouve seule dans une petite bourgade américaine à s’occuper de son fils Steven (Charlie Heaton) paralysé dans l’accident. Alors qu’une tempête de neige approche, elle commence à subir des visions et entendre des bruits qui lui font penser qu’elle n’est pas seule dans la maison.

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Des références pour masquer ses défauts

Le film commence plutôt bien en parvenant à installer une ambiance oppressante grâce au contexte, et à une présentation sommaire mais intéressante des personnages. L’héroïne portée par une très bonne Naomi Watts attire l’empathie et semble dépassée par sa situation, entre son travail qui lui prend énormément de temps et le fait de devoir s’occuper toute seule de son fils paralysé. Mais les choses se gâtent à l’arrivée de la tempête, avec la disparition du petit Tom (Jacob Tremblay), un de ses patients. Les autorités lancent les recherches sans trop d’espoirs compte tenu des températures négatives à l’extérieur, mais la psychologue en est convaincue : il n’est pas très loin.
Oppression emprunte beaucoup à d’autres films du genre et Shining en particulier : hallucinations et folie, le film de Farren Blackburn rappelle directement un des ténors du genre en construisant son ambiance avec les mêmes outils. Mais le résultat est loin d’être au niveau, si le film est bien installé c’est le déroulement de l’intrigue qui se perd rapidement.

En effet, Oppression pèche en tombant dans tous les pièges du genre, à commencer par une intrigue ultra convenue et sans grande inventivité. Les scènes s’enchaînent et « l’horreur » se résume à des jumpscares annoncés par la musique (plutôt quelconque elle aussi), ainsi le spectateur est rarement pris au dépourvu et se contente de subir en boucle des jumpscares mal foutus. L’héroïne pourrait également être étudiée sur le thème de ce qu’il ne faut pas faire dans un film d’horreur : on est en effet souvent à la limite de la parodie lorsque, à de multiples reprises, des personnages secondaires lui proposent de partir avec eux mais qu’elle décide de rester seule chez elle. Un choix qu’aucune personne raisonnable ne ferait, mais qu’elle fait plusieurs fois. Alors, pourquoi la mettre face à ce choix, en dehors de masquer un évident manque de maîtrise du genre ? Dans la mesure où elle n’apporte aucune raison valide de rester sur place, autant éviter qu’elle ait à faire ce choix et la mettre face au danger directement. Le scénario se révèle donc extrêmemnt maladroit, mettant l’histoire dans une position difficile alors que les ingrédients étaient là au départ pour proposer quelque chose d’intéressant. Mais finalement le film tourne à la parodie avec une héroïne qui s’accroche inexplicablement à un environnement dangereux, tout ça pour la mener à un affrontement final qui n’a ni queue ni tête.

Un visuel réussi

Malgré les errances du scénario, Oppression peut se targuer d’être dirigé par un réalisateur qui connaît bien son métier et gère avec brio les effets de lumière qui participent grandement à installer son ambiance. C’est certes peu pour en faire un bon film, mais il a au moins le mérite d’être plutôt agréable à regarder, d’autant plus que Naomi Watts surnage au milieu de la médiocrité de son personnage et des autres acteurs (Charlie Heaton en tête) qui ne parviennent pas à s’extirper de toutes les failles du scénario. L’atmosphère est pesante, le rythme soutenu et au final c’est un film divertissant mais énervant à cause de quelques choix.

Oppression apparaît du coup comme un grand gâchis, parce que son casting est aussi excellent que mal dirigé et son atmosphère particulière pouvait permettre de proposer un bon film horrifique. Malheureusement le scénario est bien trop tendre et prend parfois le spectateur pour un idiot, tombant dans des facilités et maladresses qui auraient pu être aisément évitées.

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