Gypsy – Saison 1, vivre au travers des autres

Production Netflix sortie le mois dernier, Gypsy est un drame psychologique créé par Lisa Robin. Avec Naomi Watts en tête d’affiche, elle nous raconte l’histoire d’une thérapeute à la vie tranquille qui s’enfonce peu à peu dans les mensonges.

Jean Holloway (Naomi Watts) est une thérapeute qui ne s’épanouit pas dans sa vie : en apparence parfaite, elle s’y ennuie terriblement. Jalouse de l’assistante de son mari Michael (Billy Crudup), énervée par les mères du quartier à cause de l’identité sexuelle de sa fille, elle tente d’échapper à ce quotidien au moyen d’un pseudonyme, « Diane Hart ». Sous cette identité, elle fait la rencontre de proches et connaissances de ses patients, se liant même d’amitié avec eux. Cette méthode peu académique, qu’elle exerce dans le secret, lui permet selon elle de mieux appréhender les problèmes de ses patients. Pourtant, c’est cette double identité qui va lui faire défaut et l’embourber dans une histoire dont elle aura du mal à se relever.

GypsySaison1Critique (2)

Don’t let me be misunderstood

Le thème de la psychologie est fascinant, il permet ici non seulement de présenter une héroïne à double visage mais également de s’arrêter sur une pluralité de personnages aux problèmes bien divers. C’est eux qui forment Gypsy, un ensemble périlleux de personnes à bout de souffle qui cherchent une nouvelle raison d’avancer auprès de leur psy. C’est leurs problèmes qui sont au centre de l’histoire, qui font avancer la série et qui permettent à l’héroïne de développer sa personnalité. Elle est pourtant le cliché de l’américaine à la vie parfaite : un mari et une fille avec qui elle semble bien s’entendre, une belle maison et une vie confortable. Pourtant elle se met à vivre au travers de la vie de ses patients et (re)découvrir en elle une femme qui est passée à côté de sa vie. Gypsy s’amuse des clichés et des faux-semblants, quand quelqu’un dit à Jean qu’elle l’envie pour sa vie parfaite, c’est une remarque qui sonne de manière ironique alors que tout ce qu’elle fait tourne au désastre.

Gypsy ne vous prendra pas par la main et ne vous expliquera pas tout. Avec des indices disséminés au fil des épisodes, on voit se développer en arrière plan un passé liant Jean à une ancienne patiente, expliquant son comportement mais également des problèmes qu’elle a eue avec son mari par le passé. Jean devient rapidement antipathique, un personnage qui ne semble faire plus de mal que de bien et qui abuse de sa position pour manipuler ses patients. La rencontre avec Sidney Pierce (Sophie Cookson), l’ex-petite amie de son patient Sam Duffy (Karl Glusman), est un prétexte pour assouvir ses pulsions : son patient la décrit comme manipulatrice, alors Jean veut la rencontrer et découvrir qui elle est. Elle en devient vite obsédée, attirée par son charme et sa vie en pleine liberté. Elle représente tout ce que Jean aurait aimé être, une femme sans attache ni engagement. C’est la confrontation entre les deux femmes qui va être source de tous les problèmes, avec une vie qui échappe à Jean et le déraillement de ses méthodes de psychanalyse. Peu à peu, elle voit sa vie s’effacer au profit d’une autre, et celle que l’on admirait pour sa « vie parfaite » sombre jusqu’à atteindre un point de non-retour.

Vagabond Hotel

C’est donc une série qui m’a beaucoup séduit, pour son rapport à la psychologie mais aussi grâce à une héroïne parfois très antipathique, parfois paumée, ou qui parfois donne le sentiment d’avoir un bon fond. Ses méthodes peu académiques entraînent des conséquences qu’elle n’anticipait pas, et voir les situations lui échapper peu à peu est un élément intéressant. On se retrouve perdus, comme l’héroïne, dans une histoire où l’effet papillon est central : les choix de la thérapeute vont avoir des conséquences inattendues en toute fin de saison, comme si une force extérieure s’était jouée d’elle. Bien sûr la série souffre certainement de son rythme très lent, puisqu’il ne se passe pas énormément de choses dans les dix épisodes. Néanmoins, les créateurs de la série ont su lui insuffler quelque chose de différent, quelque chose de particulier qui donne à Gypsy ce petit élément en plus. Malgré ses défauts, la série m’a emmené sur un terrain inconnu où les déboires de l’héroïne, qui provoque des sentiments partagés, s’accordent avec une bande son de qualité et des acteurs à la hauteur du propos.

Malheureusement et malgré un potentiel certain pour une éventuelle suite, Netflix a annulé la série : pas de saison 2 en vue donc, mais cela ne m’empêchera pas de vous conseiller cette première et unique saison. Pleine de bonnes idées et avec une excellente Naomi Watts, Gypsy est une expérience des plus agréables qui parvient à éviter les écueils du genre pour proposer un drame séduisant.

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