Top Gun : Maverick, la nostalgie mise en abyme

Sorti en 1986, le premier Top Gun n’a pas laissé grand monde indifférent. Des scènes aériennes survoltées avec des avions de chasse qui fleuraient bon la campagne de recrutement des US Marines, de la romance sur fond de Take My Breath Away, et un Tom Cruise dans la force de la jeunesse, tant de bonnes raisons d’attirer un public très divers autour d’un film qui a marqué sa génération. Quand il y a été décidé il y a quelques années de lui donner une suite, on avait quand même de bonnes raisons d’être dubitatifs, notamment parce que le film a brillé à l’époque pour beaucoup de choses mais pas pour son histoire, qui n’appelait pas vraiment de suite. Et pourtant… si on se faisait avoir une nouvelle fois ?

« Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete “Maverick” Mitchell continue à repousser ses limites en tant que pilote d’essai. Il refuse de monter en grade, car cela l’obligerait à renoncer à voler. Il est chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une mission spéciale qu’aucun pilote n’aurait jamais imaginée. Lors de cette mission, Maverick rencontre le lieutenant Bradley “Rooster” Bradshaw, le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw. Face à un avenir incertain, hanté par ses fantômes, Maverick va devoir affronter ses pires cauchemars au cours d’une mission qui exigera les plus grands des sacrifices. » (Paramount)

Scott Garfield/Scott Garfield – © 2019 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

À couper le souffle

Suite au premier Top Gun, on découvre un Maverick qui n’a pas vraiment évolué : jamais trop monté en grade, il a voulu rester en bas de l’échelle, simple pilote, jamais attiré par le pouvoir. Peut-être écœuré par le comportement de sa hiérarchie suite au décès de son fidèle équipier et ami Nick « Goose » Bradshaw, il n’a jamais cherché à aller plus loin. Pourtant, c’est du haut de ses états de services légendaires que l’armée vient le chercher pour mener à bien une mission désespérée, presque suicide, où seul un pilote de sa trempe pourra entraîner les nouvelles stars de l’école « Top Gun » qui devront accomplir l’exploit : une bande de jeunes pilotes extrêmement talentueux·euses, mais qui n’ont jamais eu l’expérience du combat de Maverick. On y retrouve alors tous les ingrédients du grand blockbuster d’action et, a fortiori, du « blockbuster Tom Cruise« . C’est-à-dire une mission impossible, des fortes personnalités bien marquées et caricaturales, et des scènes d’action à couper le souffle où on se plait à rechercher la cascade impossible que l’acteur, réputé pour cela, a réalisé lui-même. On y va pour la mise en scène des séquences aériennes et les chorégraphies des avions, et on n’est pas déçus. Le film fait bien plus fort que son prédécesseur, qui était malgré tout assez tiède dans l’ensemble, et c’est véritablement à couper le souffle. Sans être un grand amateur du premier film, j’ai passé un excellent moment devant Top Gun : Maverick, un film qui saisit plutôt bien le concept du grand spectacle, notamment sur les nombreuses séquences d’entraînement du groupe où certaines cascades réalisées en prise de vue réelle (avec notamment des caméras dans les cockpits) sont impressionnantes. On ressent bien la force exercée contre les pilotes-acteur·ice·s alors que les avions se lancent dans des acrobatiques éprouvantes pour le corps.

Le film est d’autant plus réussi qu’il ne se sert jamais de la nostalgie comme d’une excuse. S’il y a une poignée de références à l’original et une scène émouvante entre Tom Cruise et Val Kilmer, le film va au-delà et se fonde sa propre identité, son propre but, ce n’est pas un film « facile » qui tente de surfer sur la vague de nostalgie qui emprisonne le cinéma hollywoodien depuis un certain nombre d’années. Le cinéaste, Joseph Kosinski, moque presque le passé, remet en cause son héros et laisse la place à une jeune génération qui a plus de choses à apporter. Sans pour autant manquer de respect à son héritage, le film dépasse rapidement son statut de suite pour imaginer son propre univers. Et ça marche, ça marche même très bien, les deux heures du film étant d’une intensité assez folle qui le classe dans le très haut du panier du blockbuster. On peut quand même regretter une histoire assez paresseuse, où l’ennemi n’est là que pour mourir, sans personnalité, et où la mission n’existe que pour justifier des scènes de bravoure.

Scott Garfield/Scott Garfield – © 2019 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Propagande-spectacle

Mais si ça fonctionne si bien c’est parce que Joseph Kosinski a réussi à constituer une super équipe avec une alchimie assez géniale. Le duo Tom CruiseJennifer Connelly fonctionne évidemment toujours très bien, mais c’est les nouvelles têtes incarnées par Miles Teller, Glen Powell ou encore Monica Barbaro. Certes tous ces jeunes talents qui rejoignent l’école Top Gun incarnent de véritables stéréotypes, mais ce n’est pour le coup pas un mal, ces personnages trouvant parfaitement leur place dans un récit qui ne cache jamais sa tendresse pour un cinéma d’action des années 1980 – 1990. On aurait quand même aimé que le film délaisserait toutefois, de cette époque, la dimension propagandiste. L’armée y est perçue comme quelque chose d’assez cool, avec un danger qui n’en est pas vraiment un (y compris dans les situations les plus désespérées), avec une violence impérialiste totale et assumée, à tel point que l’ennemi n’est ni nommé, ni montré (toujours masqué), l’ennemi n’existant qu’en tant que fonction et objectif. Cela n’enlève pas le plaisir des scènes d’action, mais il faut bien le dire, Top Gun : Maverick est un film à la gloire de l’armée, et ce n’est pas pour rien que certains cinémas (dont celui où je suis allé) diffusent des publicités de recrutement pour l’armée française juste avant la séance.

On vient pour le spectacle et on en ressort avec un grand sourire. Top Gun : Maverick annonce de grands moments, des scènes d’action comme on en voit rarement, et il tient sa promesse. Fort de sa mise en scène des combats aériens, toujours intenses et jamais confus, mais également de la super dynamique qui s’installe entre tous les nouveaux personnages, le film est l’exemple même de ce que devraient accomplir la plupart des blockbusters. Si Tom Cruise porte encore et toujours le film, il ne faut pas ignorer les nouveaux personnages, dont ceux incarnés par Miles Teller, Monica Barbaro et Glen Powell qui apportent une vraie fraicheur à la licence. Sur un point plus négatif, ça dégueule de propagande militariste par tous les pores, mais c’était attendu.

Un commentaire sur “Top Gun : Maverick, la nostalgie mise en abyme

Donner votre avis

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.