Tarzan, l’homme en slip tombe à plat

Le réalisateur David Yates s’attaque à la légende de Tarzan dans une nouvelle adaptation de l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs. On échappe cette fois-ci au récit classique des origines de l’homme animal pour se concentrer plutôt sur une aventure qui prend place une dizaine d’années après qu’il ait rejoint la civilisation.

Le comte de Greystoke (Alexander Skarsgård) a quitté sa jungle pour rejoindre Londres où il vit depuis une dizaine d’années avec Jane (Margot Robbie). Mais alors qu’il ne souhaite pas retourner en Afrique, le Parlement britannique cherche à l’envoyer en mission diplomatique au Congo pour les affaires d’Etat, sur l’invitation du roi Léopold II de Belgique. Hostile à cette idée, il refuse l’invitation avant d’être finalement convaincu par George Washington Williams (Samuel L. Jackson), un politicien américain qui souhaite faire la lumière sur les exactions de la Belgique au Congo, ayant entendu parler de traite d’esclave et de pillage des ressources du pays. Le comte de Greystoke accompagne donc ce dernier sur la terre de son enfance, avec Jane, et devra se remettre dans la peau de Tarzan pour combattre Léon Rom (Christoph Waltz), l’émissaire du roi de Belgique qui supervise l’exploitation du Congo.

Une aventure dans un contexte réaliste…

Le film se place dans un contexte historique crédible, puisqu’il rappelle l’action de George Washington Williams qui à la fin du XIXème siècle était parti quelques temps au Congo pour observer l’action de la Belgique, en particulier le pillage des ressources et l’exploitation d’esclaves. Toutefois le film s’éloigne largement de la réalité et on a bien une fiction en face de nous, puisque le personnage historique incarné par Samuel L. Jackson n’est finalement que la caution humoristique du film et n’est là que pour assister Tarzan dans son aventure. Les compères vont découvrir au Congo que le Capitaine Léon Rom organise une rafle méthodique des indigènes et qu’il a pour objectif de capturer Tarzan.

Le film s’organise alors en course contre-la-montre, avec un Tarzan qui va chercher à arrêter Léon Rom avant qu’il n’atteigne ses objectifs, et tentera de sauver une Jane rapidement reléguée dans le rôle de la demoiselle en détresse, sous les griffes du terrible méchant. Le propos du film est du coup plutôt sympathique, car il nous évite les situations déjà vues (il s’agit tout de même de la 46ème adaptation cinématographique de l’œuvre…) en proposant cette fois-ci une aventure où Tarzan a vécu longtemps loin de la jungle. Cette fois-ci il ne découvre pas la civilisation, mais au contraire est contraint de retourner à l’état sauvage pour sauver sa femme et ses proches. On évite ainsi l’habituel « Moi Tarzan toi Jane » (même s’il constitue un running gag particulièrement lourd dans le film) et c’est tant mieux, son passé se limite à des flashbacks pas très captivants mais qui ont le mérite d’exister.

… Mais sans envergure

Malheureusement le film échoue à pratiquement tous les niveaux. L’utilisation du contexte historique aurait pu permettre une critique intéressante autour du pillage qu’a pu vivre le Congo sans jamais vraiment bénéficier des ressources, sous l’œil avide de l’Europe, d’autant plus qu’il se paie en plus le luxe de nous éviter les clichés du sauvage du fin fond de l’Afrique équatoriale. Mais le propos est rapidement évacué pour ne devenir qu’une simple chasse à l’homme orchestrée par Léon Bom, un méchant sans intérêt, et le sauvetage de Jane par son bien aimé Tarzan.
Le film souffre également d’un raté complet au niveau du héros. Alexander Skarsgård n’a ni le charisme nécessaire, ni la capacité à retranscrire l’animalité qui compose le personnage. Les scènes lorsque Tarzan fait face à différents animaux sont pourtant prévues pour ça, mais on n’a jamais l’impression que le héros redevient l’homme singe, et n’apparaît que comme le comte de Greystoke qui va faire son safari annuel. Et tout cela est appuyé par le fait que Tarzan ne soit pas ce « surhomme » tant fantasmé, tout ce qu’il fait est également effectué par les membres de la tribue qui l’a recueilli (grimper dans les arbres, se balancer grâce aux lianes, se jeter dans le vide…) et du coup il n’impressionne pas, il n’est rien d’une légende.

Mais la plupart de ces problèmes incombent au réalisateur, David Yates, qui avait déjà montré son incapacité à exprimer la dimension épique d’une aventure avec son travail sur les derniers Harry Potter. A l’époque il pensait qu’un filtre sombre suffisait à donner une certaine noirceur à ses films, désormais il pense qu’une musique vaguement épique suffit à donner de l’envergure aux scènes qu’il propose. Mais ce n’est pas le cas et la plupart des scènes tombent à plat : Tarzan s’improvise maître Kung Fu dans un combat risible contre son « frère » gorille, les scènes où il se déplace rapidement dans la jungle et communique avec les animaux sont plombées par des images de synthèse ridicules et finalement seul le combat final est à peu près réussi. On n’échappe pas aux images de synthèse réalisées par des stagiaires, mais le combat est sympathique.

Au final ce Tarzan est un film agréable à regarder, on ne s’ennuie jamais vraiment. Mais il est largement plombé par un réalisateur qui ne sait pas trop où il va et un acteur qui ne parvient pas à incarner la légende. Du coup le film sera oublié très rapidement, et je me demande ce que Christoph Waltz est venu faire dans cette galère. Même si on voit à chacune de ses scènes qu’il n’est guère plus convaincu par son personnage que les spectateurs…

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