Hardcore Henry, l’expérience perdue

Hardcore Henry est un film réalisé par le russe Ilya Naishuller. Pour son premier long métrage, il s’essaie à une expérience particulière : tourner l’intégralité d’un film en vue à la première personne, à la manière d’un jeu vidéo.

Le héros, Henry, est mort d’une terrible manière mais est ramené à la vie par sa femme Estelle (Haley Bennett) en faisant de lui un cyborg. Alors qu’il vient à peine de se réveiller et qu’il découvre son corps, sa femme est enlevée par Akan, un homme qui semble détenir des pouvoirs de télékinésie. S’engage alors une course poursuite à Moscou pour retrouver Estelle.

Tu ne parleras point

Henry ne dit pas un mot du film, en effet sa femme n’a pas eu le temps d’inclure dans ce cyborg  la capacité de s’exprimer. Ainsi il est spectateur des conversations des autres protagonistes et se laisse bercer par les décisions et choix d’une autre personne, Jimmy (Sharlto Copley), un espèce de scientifique un peu fou. Ce choix s’explique probablement par la volonté d’immerger le spectateur dans la peau de Henry, en lui donnant une identité très limitée (on ne sait que son nom, on ne sait pas à quoi il ressemble). Mais c’est un choix très discutable, parce que les joueurs de jeux vidéo n’ont aucun mal à s’identifier à des héros à l’identité bien définie et qu’un personnage qui ne s’exprime jamais, d’aucune manière que ce soit, c’est totalement contre productif. On n’est du coup jamais touché par ce personnage, et son combat pour retrouver sa femme sonne très creux.

Quant à l’action en elle-même, le film ne s’arrête jamais dans un simili plan-séquence où Henry et Jimmy étalent leurs compétences en matière de tuerie de masse. A la manière d’un jeu vidéo, les ennemis apparaissent par vague (et foncent droit sur le héros, peu importe si cela ressemble à du tir aux pigeons) et se font tuer de toutes les manières possibles et imaginables. D’ailleurs Jimmy et ses multiples « vies » accentue un peu plus cette proximité avec le jeu vidéo. Mais finalement l’histoire du film n’est qu’un prétexte à une expérience cinématographique, une expérience elle-même prétexte pour un film à la violence gratuite, comme un énorme défouloir où la vie des uns et des autres a autant de valeur que dans un jeu. Le héros rivalise d’idées pour tuer ses ennemis. Et si c’est parfois assez drôle, c’est plus souvent aberrant.

Confusion et aspirine

Mais ce que Ilya Naishuller a oublié en route c’est qu’une vue à la première personne empêche complètement de comprendre ce qu’il se passe autour du héros. L’action est confuse et on est rapidement perdu dans l’espace (en particulier lors des courses poursuites), et la distorsion de l’image due à l’utilisation d’une Go Pro et son horrible grand angle n’aide pas à s’immerger dans la peau du héros. Le problème du grand angle est qu’il dénature complètement l’image, avec un centre très petit et des côtés arrondis. Le grand angle est déjà une plaie sur une vidéo de courte durée, mais alors pendant une heure et demi…

Bref, Hardcore Henry est à la limite du désastre : violence gratuite et histoire sans queue ni tête, personnages caricaturaux au possible qui ne feraient même pas de bons protagonistes de jeux vidéo, ce film ne vous mènera qu’à une aspirine en vous demandant pourquoi vous venez de perdre une heure et demi de votre vie devant ce spectacle. Comme beaucoup de films auparavant, ce film tente de singer le jeu vidéo et au final propose un très mauvais film, qui ferait un très mauvais jeu vidéo. La seule chose que l’on peut retenir du film, c’est la performance de Sharlto Copley qui est parfois plutôt drôle.
Si l’expérience particulière que représente ce film vous intrigue, pouvez regarder le clip vidéo réalisé par la même personne, dans un style identique à Hardcore Henry, ce sera aussi bien.

2 commentaires sur “Hardcore Henry, l’expérience perdue

  1. Moi j’ai pas eu besoin d’aller voir le film pour savoir que se serait creux et sans intérêt lol la bande annonce est assez clair à ce sujet. Pourquoi diable t’es-tu infliger ça ? xD

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