ADR1FT est un jeu vidéo développé par le studio indépendant Three One Zero. Défini comme un « FPX » (First Player Experience), ce jeu nous met dans la peau d’une astronaute seule survivante de l’explosion de sa station spatiale.
L’astronaute réveille dans le silence le plus complet, flottant dans l’espace au milieu des restes d’une station spatiale, réduite à de simples débris. Avec une combinaison endommagée et aucun souvenir de ce qu’il s’est passé, elle va droit vers une mort certaine. Mais puisant dans ses dernières forces, elle essaie de comprendre ce qu’il s’est passé grâce à divers indices parmi les débris, tout en cherchant à réparer la nacelle de survie qui pourrait lui permettre de rentrer sur Terre, saine et sauve.
Gravity vu par le jeu vidéo
Il est impossible de ne pas y penser : avec une héroïne, une station spatiale détruite et la tentative de retourner sur Terre en cherchant une nacelle de survie, on a l’impression d’être dans la peau de Sandra Bullock dans Gravity. Sauf qu’ici elle s’appellerait Oshima.
On a donc affaire à un jeu contemplatif, dont l’histoire nous est racontée au travers de documents audio et texte à récupérer parmi les débris de la station, ainsi que quelques communications avec la base sur Terre. On découvre alors en même temps que l’héroïne les circonstances dans lesquelles la station spatiale s’est disloquée. Ce n’est pas un incident anodin et cela va la mettre face à ses peurs et ses responsabilités, de la même manière qu’elle évolue dans un environnement hostile où la mort peut survenir à tout moment, entre l’absence d’oxygène et les débris de la station qui prennent de la vitesse et peuvent la heurter, et briser son casque, à la moindre erreur.
L’immensité de l’espace est rapidement ressentie et éprouvée par le joueur : on se sent tout petit en voyant la Terre sous nos pieds, une sensation de vertige que l’on tente de surmonter en se déplaçant d’un bout à l’autre de la station, dans des éléments pour certains totalement ou partiellement détruits, et d’autres intacts qui apparaissent comme les vestiges d’une vie en communauté d’une poignée d’astronautes. En effet on est amené à parcourir leurs espaces personnels, leurs affaires et les mails qu’ils envoyaient à leurs collègues ou leurs proches. Sans avoir eu l’occasion de les côtoyer (si ce n’est leurs cadavres qui autour de la station) on découvre petit à petit leur mode de vie, leurs craintes et leurs ambitions. C’est des portraits d’humains qui nous sont dépeints, et cela nous mène jusqu’à une conclusion inattendue qui nous interroge sur le personnage que l’on contrôle.
L’intensité du silence
ADR1FT c’est également une ambiance bien particulière. La musique se fait très discrète (et il principalement de la musique classique que l’on récupère dans des documents audio ici et là) pour laisser place au silence de l’espace. La majorité du temps on entend que la respiration de l’héroïne, ses battements de cœur et ses cris lorsqu’elle est percutée par un objet flottant. Cette bande son vise à faire ressentir la solitude et la tension qu’implique naturellement la situation, comme lorsque cette alarme de sécurité comment à s’entendre alors que l’oxygène baisse drastiquement.
L’oxygène est d’ailleurs gérée d’une manière intéressante, puisqu’elle baisse plus rapidement lorsque l’on fait des efforts. On est alors contraint de limiter au maximum les mouvements, donnant simplement une petite impulsion pour se déplacer et se laisser flotter jusqu’à notre destination en impesanteur. Malheureusement on découvre rapidement que les bouteilles d’oxygène sont (trop) nombreuses et il est très rare, surtout en fin de partie, d’être contraint de limiter son exploration à cause d’un manque d’oxygène.
Ce jeu est vraiment particulier, s’il a indéniablement des défauts avec des objectifs pas très clairs et une durée de vie très limitée (cinq heures environ pour voir le bout de l’aventure), j’ai passé devant celui-ci un moment extrêmement agréable. Se balader seul dans l’espace est une expérience particulière et comble un désir que j’avais pu ressentir après avoir vu Gravity. Les développeurs ont su transmettre le sentiment de solitude et d’angoisse qu’inspire cet environnement, et on se prend facilement au jeu de la découverte de la vie des astronautes et des causes de l’incident. C’est également le type de jeu qui me donnerait presque envie d’acheter un casque de réalité virtuelle, puisque le jeu est initialement prévu pour ce type d’accessoire et procure probablement par ce biais des sensations encore plus intenses.
Vendu environ 20€ sur Playstation 4 et Steam, c’est une aventure immanquable si l’on souhaite prendre notre temps pour découvrir un gameplay (qui joue avec l’absence de gravité) et une histoire très particulière mais agréable.