On l’appelle Jeeg Robot est un film de super-héros italien réalisé par Gabriele Mainetti. Ce dernier s’inspire amplement du monde des comics et des anime japonais pour proposer son super-héros à lui, un délinquant dont l’égoïsme prime lorsque des pouvoirs surnaturels s’offrent à lui.
Enzo Ceccotti (Claudio Santamaria) est un petit voleur de la banlieue romaine. Habitué à enchaîner les petits boulots pour le compte de la mafia locale, il se retrouve poursuivi par la police dans les rues de Rome. Pour leur échapper, il se jette dans le Tibre et en ressort couvert d’une substance liquide noire. Ce qui ressemblait vaguement à du pétrole est en réalité une substance radioactive, et rapidement il découvrira que celle-ci lui a conféré des pouvoirs surnaturels : une force surhumaine et une capacité à guérir rapidement de ses blessures. Il n’est pas quelqu’un de bien et n’a aucune intention d’aller aider les autres, il compte se servir de ces nouveaux pouvoirs pour s’enrichir. Mais il sera confronté à une autre réalité quand Alessia (Ilenia Pastorelli), la fille d’un de ses amis décédés, vient lui demander de l’aider alors que la mafia veut lui faire du mal. Il se prend d’affection pour cette jeune femme qui semble avoir un handicap mental et va finir par l’aider à s’en sortir.
Enzo e Alessia
Le long métrage de Gabriele Mainetti se détache largement des productions hollywoodiennes : on a ici un univers extrêmement sombre et violent, où la mafia règne en maître sur la ville de Rome, traumatisée, au moyen d’une série d’attentats. A l’arrivée de la Camorra, la mafia napolitaine, les choses se corsent et les petits délinquants doivent s’arranger avec les nouveaux venus pour ne pas perdre leur territoire. Le héros en fait partie, petite frappe qui ne sait rien à faire à part trafiquer, et lorsqu’il découvre qu’il dispose désormais d’une force surhumaine, il décide que les choses vont changer. Sa première idée n’est pas d’aller aider la veuve et l’orphelin, sa première action en tant que surhomme est d’aller arracher, littéralement, un distributeur de billets pour le ramener chez lui. Mais il ne savait pas qu’un tel vol provoquerait le déclenchement d’un système de sécurité qui rend les billets inutilisables, alors il devra être plus fin pour s’enrichir. Dans sa quête d’une vie confortable, il se retrouve vite confronté à la fille d’un de ses amis mafieux, décédé. Elle s’appelle Alessia et elle est recherchée par la mafia. Lui qui n’a jamais vraiment eu de relation tombe rapidement amoureux d’elle.
On l’appelle Jeeg Robot s’attache à séduire ceux qui ont passé leur enfance devant les dessins animés japonais. En effet Jeeg Robot, le nom que lui donne la belle Alessia en référence au dessin animé du même nom qu’elle affectionne tant, est au centre d’un récit où le héros va prendre conscience de sa valeur et de ses responsabilités au travers d’un long visionnage des DVD de l’anime. On y trouve évidemment des références aux comics américains et à ses fameux super-héros, tant dans la mise en scène du personnage, les dialogues que l’affrontement final.
Bien qu’il reprenne ces codes, le réalisateur italien parvient à créer son propre univers où l’héroïsme est traité de manière intimiste dans une quête purement personnelle. Le héros va simplement chercher à se mettre en sécurité, et mettre en sécurité cette jeune femme dont il a désormais la charge, dans une adversité qui se résume à son entourage proche. Il connaît parfaitement ses ennemis, et les autorités restent largement en retrait. Cependant le thème de l’espoir, cher au monde des super-héros, va se faire une place dès lors que le héros accepte son nouveau rôle. Dans cette ville traumatisée par les exactions de la mafia, l’apparition d’un surhomme est perçue comme source d’espoir pour un peuple qui ne se sent plus protégé par sa police. C’est aussi pour cela que le film m’a séduit : tout en restant à hauteur d’Homme, il parvient à saisir les problématiques propres à Rome et les utiliser à bon escient dans un scénario qui semble avoir été écrit par un amoureux des univers de super-héros.
Supereroe
Terriblement attendrissant, l’acteur Claudio Santamaria dépasse le cadre habituel de ce type de film pour offrir la vision d’un homme faillible et amoureux. Malgré les pouvoirs surnaturels de son personnage, il ne cesse de douter et ne donne pratiquement jamais le sentiment d’être invincible. Il faut également noter la prestation de Ilenia Pastorelli, qui apporte la touche d’innocence et de tendresse nécessaire au film pour ne jamais verser dans un profond cynisme.
J’ai également beaucoup apprécié la bande-son, composée de chansons italiennes qui viennent appuyer l’immersion du spectateur dans un contexte auquel on est peu habitué dans ce type de film. C’est une réussite, à l’image de tout l’enrobage du film puisque les effets spéciaux sont eux aussi à la hauteur malgré le faible budget du film, alors que le réalisateur multiplie les plans mettant en scène la puissance du héros.
C’est une excellente surprise. Ce film montre l’ascension d’un héros qui ne souhaite pas vraiment en être un, dans un contexte romain particulièrement séduisant. Sans pour autant renier ses inspirations, le réalisateur Gabriele Mainetti parvient à dépasser l’image que l’on se fait du super-héroïsme au cinéma et propose sa propre interprétation. Celle-ci est excellente, j’aurais aimé que le film soit un peu plus long.