Sense8 est une série un peu particulière. Celle-ci raconte les liens invisibles qui unissent huit personnes qui n’ont rien en commun. Cette ode à l’amour et à l’Humain, créée par les sœurs Wachowski et Joseph Michael Straczynski est une des productions de Netflix qui m’ont énormément marqué. Avec cette saison 2, c’est l’aboutissement des efforts entrepris lors de sa première saison. Aboutissement car elle atteint enfin ce qu’elle recherchait : de l’optimisme, de la tolérance et de l’amour. Mais aboutissement aussi car il s’agit de la dernière saison suite à l’annulation de la série par Netflix.
(Attention, spoilers sur la fin de la saison 1 de Sense8.)
Après les événements de la première saison, Will (Brian J. Smith) et Riley (Tuppence Middleton) sont cachés dan un lieu sûr. Will utilise de l’héroïne pour éviter que Whispers (Terrence Mann), l’homme qui le chasse pour le lien particulier qu’il a avec les sept autres personnes, puisse s’immiscer dans sa tête et comprendre où il se trouve. Du côté des autres « sensates », c’est-à-dire les membres du cercle de huit personnes qui parviennent à communiquer entre eux, ils font tous face à de nouveaux problèmes dans leurs vies respectives mais essaient de s’entraider. Lito (Miguel Ángel Silvestre) voit sa carrière d’acteur au Mexique tomber en ruine à cause de son orientation sexuelle, Kala (Tina Desae) se sent malhonnête dans son mariage en Inde, Capheus (Tony Onwumere) veut changer les choses au Kenya, Wolfgang (Max Riemelt) ne s’en sort plus avec les mafieux en Allemagne et Sun (Doona Bae) cherche toujours à laver son honneur et sortir de prison.
Isolated Above, Connected Below
Je préfère parler tout d’abord de l’épisode de Noël : celui-ci diffusé en décembre, donc plusieurs mois avant le reste de cette saison 2, s’insère d’une manière quasiment indépendante dans les événements de la série. Ici il n’est plus question de leur fuite en avant et des différents antagonistes (même s’il y en a), mais cet épisode spécial de deux heures se concentre plutôt sur les relations qui unissent les personnages. En tête d’affiche Kala (Tina Desae) et Wolfgang (Max Riemelt), qui prennent peu à peu une place plus importante dans Sense8. Cet épisode était terriblement séduisant, car il est venu appuyer sans aucune honte sur la corde sensible des fans en montrant de nombreuses scènes de complicité et d’amour entre les personnages. Et c’est à nouveau sans aucune honte que je me suis laissé prendre par ce fan service dégoulinant, quitte à laisser de côté une intrigue très légère. Mais si ça fonctionne aussi bien c’est parce que l’épisode spécial a été en mesure de mettre en avant tout ce qui fait la qualité de Sense8 : ses personnages et leurs relations. Quand on me demande pourquoi j’aime autant cette série, je ne parle jamais de l’histoire, du suspense ou des quelques scènes d’action. Je parle de la beauté des relations entre les « sensates » et l’interprétation des acteurs qui sont tous très justes dans leurs différents rôles. Si j’ai bien évidemment mes préférés parmi eux (Lito, incarné par Miguel Ángel Silvestre, en tête), Sense8 est une de ces rares séries où je prends plaisir à suivre les aventures de chacun des personnages.
Cette saison est en ce sens celle de l’accomplissement. Plus proches que jamais, les « sensates » exploitent au mieux leurs capacités et proximité pour s’extirper de dangereuses situations. Certaines scènes s’avèrent extrêmement jouissives, comme la plupart de celles qui composent le dernier épisode, avec Sun (Bae Doona), ou encore une scène avec Wolfgang dans un restaurant-bar huppé, aux influences multiples (jeux vidéo, comics). On sent que Lana Wachowski et Joseph Michael Straczynski se sont beaucoup amusés à tourner ces scènes, et leur enthousiasme associé à l’exploit technique (des mouvements répétés avec précision aux quatre coins du globe) transmettent au spectateur un plaisir énorme. L’entraide prend un sens tout particulier avec Sense8, et les créateurs ont réussi à l’exploiter sans tomber dans une redite de la première saison.
Je dois avouer qu’à l’époque j’étais dubitatif quant à une éventuelle suite, avec l’impression que le lien qui unit les « sensates » et l’intrigue principale n’allait pas nous mener bien loin. Pourtant, le procédé a continué de fonctionner sans l’ombre d’un problème, tout en bénéficiant de plus de sensibilité et de justesse. Il n’y a pas de réel faux pas dans cette saison, mais au contraire elle ne révolutionne pas pas tant que ça la série : les fans seront conquis, ceux qui y étaient déjà insensibles n’y verront aucune intérêt. Comme je me met sans problème dans la première case, je suis dithyrambique sur la deuxième saison.
I have no room in my heart for hate
Sense8 fonctionne aussi bien grâce, également, à ses acteurs. Ceux-ci n’avaient pas grand chose à voir ensemble : Toby Onwumere, qui incarne désormais le personnage de Capheus à la place de Aml Ameen, n’en est qu’au début de sa carrière. Jamie Clayton, Tina Desae et Brian J. Smith avaient des carrières plutôt confidentielles, Tuppence Middleton n’avait jusqu’alors fait que quelques apparitions dans des films et séries. Max Riemelt n’était pratiquement jamais sorti d’Allemagne, Miguel Ángel Silvestre d’Espagne, et Bae Doona (vue récemment dans l’excellent Tunnel) enchaînait les films en Corée du Sud avec plus ou moins de succès. Pourtant, l’alchimie a pris très rapidement entre eux et ils viennent symboliser un peu tout ce que j’aimerais voir plus souvent : des gens venus du monde entier, avec leurs différences (de couleurs, de langues, de sexes, d’orientations sexuelles) et leurs cultures, mais qui sont capables de dépasser tout ça pour s’allier et s’aimer. La force de Sense8 est qu’on y croit : à aucun instant je n’ai eu l’impression de voir une scène surjouée ou peu convaincante. Les signes d’affection qu’ils se distribuent à tour de rôle sont convaincants et donnent le sentiment qu’il existe bien un lien entre toutes ces personnes. Qu’ils soient excellents acteurs ou qu’ils s’apprécient réellement, c’est bien les sentiments qui font leur force.
C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée qu’une des scènes les plus marquantes de la saison, celle de la gay pride, s’installe comme une gigantesque fontaine d’émotions où les personnages lâchent prise et se concentrent sur la seule chose qui compte à cet instant : eux.
Je pourrais parler de cette deuxième saison de Sense8 pendant des heures tant elle m’a touché. Mais plus que l’intrigue, j’avais envie de parler du lien qui unit les « sensates » car il est au centre de cette saison. Bien sûr, il y a toujours cette intrigue avec les autorités un peu obscures qui les poursuivent. Mais s’il faut voir cette deuxième saison pour quelque chose, c’est pour les personnages. A côté, les influences comicsesques (vous me pardonnerez le néologisme) qui s’expliquent par la présence de Joseph Michael Straczynski à la création permettent de l’émergence de scènes de communion entre les personnages dans des moments pourtant très violents où leurs vies sont souvent en jeu. Une grande saison, mais deux regrets me resteront entête : l’absence d’un vrai moment de communion musicale comme dans la première saison avec la chanson What’s Up, et surtout, que Netflix ne lui donnera pas une troisième saison.
Félicitations à vous d’avoir remporté le prix du jury à « la nuit des blogs » Cela est mérité. Moi j’ai également participé au concours dans la catégorie « culture » . J’étais à la cérémonie. vous pouvez cependant visiter mon blog » Voyage onirique » ici : http://mondefantasia.over-blog.com/ Bravo encore à vous et bonne continuation.
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Merci beaucoup à vous :)
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Très déçue par cette annulation aussi… Après, je veux bien croire que la série coûtait cher, avec toutes ces scènes à tourner plusieurs fois, mais le résultat était tellement dingue !
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Les dirigeants de Netflix ont fini par s’exprimer et parlent plutôt du nombre d’abonnés « grâce à Sense8 ». On savait déjà qu’ils évaluaient leurs séries de la sorte (puisque les abonnements constituent leur principale source de revenus), et apparemment Sense8 n’en a pas généré suffisamment : c’était déjà le cas lors de la première saison, et ça n’a pas bougé avec la seconde.
C’est vraiment très dommage, d’autant plus que jusque là Netflix tentait un peu de garder cette image de distributeur qui n’annule jamais une série avant qu’elle possède une véritable fin.
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A-ha…. Bon je comprends le raisonnement, mais c’était vraiment inattendu, et on sentait que le scénario était préparé pour plusieurs saisons… Si c’est pour ça, ils auraient pu tourner un dernier épisode comme celui de Noël, en essayant de boucler un minimum l’intrigue ou je sais pas :/
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