Alain Chabat est de retour dans une comédie de Noël qu’il a écrit et réalisé. Santa & Cie raconte la vraie histoire du Père Noël, celui qui s’est perdu à Paris alors qu’il tentait de soigner ses lutins.
Les 92 000 lutins du Père Noël chargés de préparer les cadeaux des enfants du monde entier tombent malades à quelques jours de Noël. Sa femme Wanda (Audrey Tautou) pousse le Père Noël à s’aventurer dans le monde normal pour y trouver de quoi soigner ses lutins. Bien qu’il soit décidé à rester à l’abri de tous regards et qu’il ai peur de croiser des gens qu’il ne connaît pas, il n’a d’autre choix que de prendre son traîneau et partir afin de sauver l’esprit de Noël. Il se retrouve à Paris et fait la rencontre d’Amélie (Golshifteh Farahani) et de Thomas (Pio Marmaï), un couple qui va tout faire pour l’aider.
Il faut sauver les lutins
Comme à son habitude Alain Chabat se présente à nous avec son humour pince sans rire et avec un comique de situation toujours assez fin. Si le film ne lésine pas sur le potache, notamment lors des excellentes apparitions du duo du Palmashow Grégoire Ludig et David Marsais en policiers un peu idiots, il n’en reste pas moins dans la veine de ce que fait Alain Chabat depuis des années. Des répliques incisives aux regards déprimés du Père Noël face à des enfants dont il ne comprend rien, Santa & Cie est une comédie qui manie parfaitement l’humour pour s’adresser aux petits comme aux grands et c’est bien là toute sa force.
Avec un propos improbable qui se dit tiré d’une histoire vraie, le Père Noël est un vieil homme acariâtre qui malgré ses bonnes intentions refuse de se mêler aux humains. Il ne les connais pas, refuse de s’en approcher et préfère se cantonner à son rôle de bienfaiteur d’une nuit. Ses connaissances ne sont pas plus profondes en ce qui concerne les enfants qu’il gâte chaque année et qu’il n’a jamais vu autrement que dans leur sommeil profond. Alors le Père Noël est un être dysfonctionnel, aigri et dont le seul objectif est de réussir sa mission annuelle, une humeur qui rappellerait presque Le Père Noël est une ordure et son esprit de Noël bien particulier. Et c’est bien ce qui va faire rire, ce décalage perpétuel entre la légende du Père Noël telle qu’elle est racontée aux enfants, et la réalité. Pour autant il n’apparaît pas comme quelqu’un de méchant, c’est son ignorance qui lui porte préjudice et non pas son fond.
En face du Père Noël on trouve une famille à la situation bancale et aux origines diverses, avec ses problèmes et ses limites. Le couple et leurs enfants vont évidemment tout faire pour aider le Père Noël alors qu’ils ont le sentiment de vivre un rêve, un moment qui les renvoies en enfance dans un moment où tout semblait aller mal pour eux entre disputes et famille insupportable. Quelques scènes montrent bien l’hystérie qui entoure la période de Noël, malgré ses bonnes intentions c’est aussi un moment où on se retrouve vite à bout de nerfs avec la recherche des cadeaux, l’organisation d’une soirée et la famille qui ne comprend pas toujours qu’un repas à 20 avec un tonton gênant en bout de table ne nous intéresse pas. Santa & Cie mélange donc habilement le mythe du Père Noël et la réalité de cette fête pour de nombreuses personnes. Si le soir du réveillon est parfois un moment agréable, les jours qui le précèdent souffrent toujours d’un certain nombre de problèmes qui sont symbolisés ici par la recherche hystérique d’un remède pour les lutins.
Et ça marche très bien, Santa & Cie n’est pas seulement un film bienveillant, c’est surtout un film très drôle où Alain Chabat rappelle qu’il est l’un des meilleurs en la matière en France. Tous ses personnages sont réussis et les situations font souvent mouche, comme les nombreuses blagues autour des rennes magiques ou de la société de consommation. Sa plus grande qualité est de parvenir à toucher toutes les catégories d’âge, car si l’essentiel des gags sont accessibles aux plus jeunes, le film offre aussi suffisamment de subtilité et une double lecture qui permet aux plus grands d’y prendre autant de plaisir. Entre âme d’enfant et cynisme, toutes les raisons sont bonnes pour se marrer.
Le renne des neiges
Outre Alain Chabat, ses qualités de réalisateur et son aisance face caméra, je retiens surtout la performance de Golshifteh Farahani. Mère de famille à bout de nerfs, elle se révèle très juste et parfois touchante dans un rôle qui évoquera sans doute beaucoup de choses à toutes les femmes à qui on demande de tout faire, tout contrôler en ces périodes de fête. Elle n’aspire qu’à lâcher prise l’espace d’une soirée et ce n’est pas avec un Père Noël presque aussi chiant et dépendant que ses enfants qu’elle va pouvoir se reposer. Pour autant cette expérience hors du commun sera salvatrice pour elle, en effet c’est enfin un moment où il est permis de croire au Père Noël. C’est là tout l’essence du film, faire rêver avec énormément de bienveillance, donner une raison de croire en soi et en ses proches et nous rappeler aux rêves que l’on a peut-être oublié en grandissant.
Santa & Cie est à la hauteur des espoirs que je plaçais en lui. J’ai retrouvé là tout ce que j’aime dans les films d’Alain Chabat et même un peu plus, il s’agit d’un conte de Noël moderne et bourré de références, d’intelligence et de pertinence. S’il fallait conseiller un film ces jours-ci pour prolonger l’esprit de Noël, ce serait celui-ci. Et ceux qui n’ont aucun intérêt ou aucune attache pour cette fête auront probablement aussi de bonnes raisons de rigoler, car la religion a laissé place à la famille, et c’est bien mieux comme ça.
T’es presque en train de réussir à me vendre un film français, sacré exploit !
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Un jour je vais faire un billet d’humeur pour vanter les mérites du cinéma français, vous allez voir flou.
Mais sinon si t’aimes bien les films de Chabat, fonce! Après si t’es hermétique à son humour, oublie.
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