Succès des années 1990, le Jumanji de Robin Williams a marqué toute une génération. Avec son jeu de société plongeant ses joueurs dans un monde fantastique, il laissait la porte ouverte à tous les fantasmes. Et c’est le réalisateur Jake Kasdan qui en a finalement repris l’idée avec un film plus moderne mais toujours aussi drôle.
En 1996, un homme trouve sur la plage une boîte de jeu de société nommée Jumanji, la ramène à la maison et la donne à son fils. Au cours de la nuit le jeu de société va se transformer en jeu vidéo, un jeu qui va littéralement absorber l’adolescent. Vingt ans plus tard, quatre lycéens sont placés en retenue pour divers raisons et, sur les ordres du proviseur, doivent mettre de l’ordre dans une salle destinée à devenir une salle informatique. C’est là qu’ils vont trouver dans un coin un mystérieux jeu vidéo Jumanji et y jouer à leur tour…
The Adventure Begins
Reprendre les codes du jeu vidéo et les transposer au cinéma a rarement été une bonne idée. Les films sont nombreux et les échecs vont de paire, on peut penser notamment à Stay Alive qui illustre parfaitement les pièges dans lesquels ce type de production ont tendance à tomber. Entre une représentation fantasmée du jeu vidéo et une méconnaissance ce qui fait son intérêt, les réalisateurs se sont souvent perdus dans poncifs censés attirer un public différent. Jumanji, en reprenant le support vidéoludique, pouvait attiser la crainte tant les essais passés ont été infructueux. Pourtant il n’en est rien : Jumanji est une réussite et rejoint le cercle très fermé des films qui s’appuient sur le jeu vidéo.
Lors que les quatre lycéens se retrouvent à l’intérieur du jeu Jumanji, ils prennent le physique et les capacités des personnages qu’ils avaient choisis : on trouve le très puissant Dr. Bravestone (Dwayne Johnson), la spécialiste des arts martiaux Rudy (Karen Gillan), le cerveau du groupe le professeur Shelly (Jack Black) et enfin celui qui va porter le sac pour tout le monde, Moose Finbar (Kevin Hart), en clin d’œil à l’inventaire infini que traînent la plupart des personnages de jeu vidéo, capables de se balader avec des centaines d’objets dans les poches. Très rapidement le film met en place les règles de son univers : chaque joueur a trois vies symbolisées par une sorte de tatouage sur leur bras, ils ont chacun des capacités bien précises que l’on retrouve dans des fiches de personnages et enfin, ils détiennent une carte du monde qui se dévoile au fil de leur avancée. L’aventure sera divisée en plusieurs niveaux et ils rencontreront sur leur chemin des « PNJ », des personnages non joués, qui ne savent la plupart du temps dire qu’une phrase en boucle. Un ressort comique plutôt efficace, s’il est étiré en longueur il a le mérite de rappeler tous ces PNJ que l’on croise dans un paquet de jeux vidéo et nous sortent une phrase ou deux, parfois hors contexte, en boucle.
En utilisant les codes du jeu vidéo Jumanji peut moderniser son concept originel et proposer quelque chose un peu plus dans l’ère du temps. Les amateurs de jeux vidéo y retrouveront quelques concepts basiques du médium tandis que les autres découvriront à l’occasion ses spécificités. On embarque alors dans une aventure épique où les quatre personnages vont devoir traverser la carte et les niveaux jusqu’à enfin arriver au boss final. Mais au-delà du prétexte, le film utilise avec facilité les codes du genre pour nous proposer une aventure assez originale. Entre « l’item » à trouver pour progresser, un ressort classique du jeu de rôle, ou encore le puzzle à résoudre qui rappellera les plus belles heures des jeux d’aventure, Jumanji semble avoir été écrit et réalisé par des personnes qui connaissent leur sujet. Et pour un amateur de jeux vidéo, c’est un véritable plaisir. Bien que le film n’étonne jamais vraiment dans les obstacles qu’il met sur la route de ses personnages, c’est leur mise en scène et la manière dont ils sont amenés qui font leur intérêt. D’un simple film d’aventure familial, Jumanji passe directement au statut de réussite sachant mêler les deux univers.
Le casting n’est d’ailleurs pas en reste. On y retrouve un Dwayne Johnson absolument parfait dans le rôle du héros increvable et plus fort que tout le monde, Karen Gillan qui apparaît comme une parodie de Tomb Raider, et enfin Kevin Hart et Jack Black en sidekicks dont le rôle est d’aider les héros à des moments clés. Si les personnages sont assez caricaturaux, c’est aussi parce que le réalisateur s’attache à moquer des clichés que l’on retrouve depuis vingt ans dans les jeux vidéo. Tous ces personnages ont déjà été vus dix fois dans des jeux d’aventure, et les joueurs n’auront aucun mal à rapidement les identifier.
Here comes the Credits
Pour autant Jumanji ne se moque pas des jeux vidéo, il les embrasse et les exploites pour en faire un très bel hommage. Plein de bonne volonté et de justesse, le film ne se contente pas de singer bêtement le jeu vidéo et offre plutôt une vision sympathique sur un média qui, s’il s’inspire (trop ?) souvent du cinéma, a ses propres spécificités et codes auxquels il reste très attaché. A cela on ajoute un comique de situation facile mais néanmoins efficace et la sympathie que l’on peut éprouver pour les divers personnages, et ça donne une très bonne comédie familiale.
Avec deux difficultés majeures, d’abord celle de réaliser la suite d’un film avec lequel beaucoup ont grandi, ensuite celle de s’aventurer sur le terrain du jeu vidéo, le réalisateur Jake Kasdan s’en sort très bien et offre là sa propre version de Jumanji. Sans copier l’original, il en reprend la formule et l’étoffe dans un univers différent et non moins passionnant. Sous ses faux airs de Breakfast Club sous acides, Jumanji : Bienvenue dans la jungle est la bonne surprise de la fin d’année en offrant un divertissement très agréable et sans grandes prétentions.
Ça me rassure de voir autant de bonnes critiques concernant ce film, je craignais un peu le navet alors que j’avais adoré le film avec Robin Williams. Je vais sans doute me laisser tenter pour aller le voir du coup, j’en ai bien envie, encore plus après ta critique ! 🙂
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On touche un peu le paradoxe du doigt entre mon article (le snobisme tout ça tout ça) et ce film, que j’ai refusé de voir à sa sortie, trop attachée à sa vision initiale, et surtout blindée de préjugés tout pourris (comme quoi on peut brandir le drapeau blanc mais pas être toute nette non plus !) (balayer devant sa porte etc…), du type « Non mais un film avec The Rock, c’est non ! » ou encore « Y’a qu’un seul Jumanji » (blablablaaa). Et puis finalement je l’ai vu, et j’ai a-do-ré du début à la fin ! Je l’ai trouvé vraiment chouette, très drôle et bien foutu.
Ca fait du bien de se faire remettre en place comme ça, et j’en suis très contente ! (Et d’ailleurs, comme tu le dis, Dwayne Johnson est parfait dans ce film) (et moi je suis une grosse naze hahah!)
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Voilà un super exemple pour la position anti-snobisme :D
Bon de mon côté je suis complètement acquis à la cause de Dwayne Johnson et j’aimais pas énormément le Jumanji d’origine, autant dire que j’avais pas peur d’y aller.
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Bon ben je pense qu’on peut clairement dire que ce film est une réussite de rassemblement Ahaha !
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