Le Crime de l’Orient Express, meurtre en huis clos

Adapté maintes fois sur divers supports, allant de la télévision au jeu vidéo, Le Crime de l’Orient Express est un roman policier d’Agatha Christie qui n’a cesse de fasciner. De son contexte séduisant à sa galerie de personnages improbables, il se prête parfaitement au support cinématographique et c’est Kenneth Branagh qui s’y essaie à la fin 2017, après Sidney Lumet en 1974.

En 1934 à Istanbul, le détective belge Hercule Poirot (Kenneth Branagh) alors en visite doit rentrer prématurément en France. Par chance, il tombe sur monsieur Bouc (Tom Bateman), le directeur de l’Orient Express qui lui propose une place sur son célèbre train. Il va alors embarquer avec l’extravagante veuve Mrs. Hubbard (Michelle Pfeiffer), la missionnaire espagnol Pilar Estravados (Penélope Cruz), le professeur autrichien Gerhard Hardman (Willem Dafoe), la princesse russe Natalia Dragomiroff (Judi Dench) et sa gouvernante (Olivia Colman), le docteur Arbuthnot (Leslie Odom Jr.) la gouvernante Mary Debenham (Daisy Ridley), le conducteur Pierre Michel (Marwan Kenzari), l’homme d’affaires cubain Biniamino Marquez (Manuel Garcia-Rulfo) et l’homme d’affaires américain Samuel Ratchett (Johnny Depp), accompagné de son valet Edward Masterman (Derek Jacobi) et son secrétaire Hector MacQueen (Josh Gad).
Plus loin dans le train, isolés, on trouve le comte russe Rudolf Adrenyi (Sergei Polunin) et son épouse Eléna (Lucy Boynton), seuls en raison de leur immunité diplomatique.
Tous ces privilégiés vont voir leur voyage devenir un enfer lorsqu’un meurtre est commis dans le train.

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The Wailing Wall

Kenneth Branagh, à la fois devant et derrière la caméra, propose une interprétation du roman de Agatha Christie qui risque certainement d’hérisser le poil de ses plus grands fans. Probablement plus dynamique et taquin dans son approche, son Hercule Poirot n’hésitera pas à s’adonner à courses poursuites et jeux de mots malicieux pour se défaire de personnages chacun, tour à tour, accusés. Une version qui se révèle donc plus moderne, mais qui néanmoins ne renie pas ses origines et son ambiance singulière qui a fait la popularité du roman. On y retrouve tous les éléments et les subtilités, de la mise en place de la situation jusqu’au très fameux dénouement. Le film ne cherche pas à étonner, bon nombre connaissent déjà la fin, mais excelle dans sa manière d’aborder le mythe de l’Orient Express. Les décors sont de toute beauté la caméra de Kenneth Branagh leur rend hommage de la plus belle des manières. Du traveling en extérieur des wagons à l’utilisation astucieuse des espaces très réduits des cabines, il manie la caméra avec brio pour nous offrir un film techniquement au poil, exploitant au mieux chaque espace pour installer l’enquête d’Hercule Poirot. Rythmé, le film propose un peu moins de deux heures pleines de rebondissement, qui sans réinventer la roue propose une version des plus sympathiques du Crime de l’Orient Express.

En effet, mis à part son interprétation du détective, Kenneth Branagh s’en tient à la lettre et ne divague pas trop lorsqu’il s’agit d’aborder l’enquête et la résolution telle qu’elle a été imaginée par Agatha Christie. On est en terrain connu, et le réalisateur s’appuie sur une distribution de haute volée pour porter un film qui remplit sans trop de mal son objectif. Michelle Pfeiffer crève évidemment l’écran comme à son habitude et tient là un rôle qui lui sied parfaitement, mais on note également les performances de Daisy Ridley, avec son flegme britannique et Leslie Odom Jr en docteur passionné. Quant aux autres interprètes, tous collent aux personnages pour finalement offrir un film assez facile dans sa réalisation, mais qui n’en reste pas moins un plaisir à déguster pour terminer, ou commencer l’année de la meilleure des manières. J’ai notamment beaucoup apprécié cette manière de s’amuser des différents accents, même si Kenneth Branagh fait peine à entendre lorsqu’il parle français, et l’ironie qui anime chaque personnage. Le Crime de l’Orient Express est un roman populaire, réadapté de nombreuse fois et de différentes manières, et finalement le réalisateur britannique s’affirme d’une bien belle manière en maniant avec réussite toutes ces talentueuses personnalités au sein d’un film plaisir. C’est cette notion de plaisir que l’on retrouve tout au long de l’œuvre, comme si les actrices et acteurs avaient pris un malin plaisir à s’investir dans leurs différents rôles et à évoluer dans le contexte si unique et fascinant de l’Orient Express.

Twelve Stab Wounds

On regrettera pourtant un dénouement un peu rapide, un peu facile et un manque de soin apporté au monologue final d’Hercule Poirot. Moment clé du récit et attendu dès les premières minutes, cet instant de résolution qui marque la fin de ses enquêtes est pourtant rapidement expédié dans une scène sans grande saveur. Et c’est probablement pour cela que Le Crime de l’Orient Express de Kenneth Branagh ne restera pas vraiment en mémoire. Malgré une œuvre globalement agréable à regarder, elle manque indubitablement de grandeur et de malice à l’heure des révélations. On se retrouve avec un final scolaire, qui s’il ne s’éloigne pas trop de l’œuvre originale, ne parvient pas à se rattacher à sa qualité. Si on ne peut décemment pas lui demander de nous surprendre, on pouvait au moins espérer que le monologue du détective soit plus inspiré et qu’il bénéficie d’une mise en scène plus soignée. Une déception et une ultime scène finalement assez curieuse tant le reste du film bénéficie d’un soin et d’un goût certain.

Alors malgré tout, Le Crime de l’Orient Express est un bon film. Si j’ai été déçu par sa manière d’aborder la conclusion de l’histoire, le reste du film s’avère de très bonne facture et surtout, séduisant de bout en bout. Si mon amour pour le divin accent de Daisy Ridley y est probablement pour quelque chose, j’ai passé un moment agréable en compagnie du casting concocté par Kenneth Branagh, de quoi commencer l’année du bon pied.

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