3 Billboards : les panneaux de la vengeance, en quête de réponses

3 Billboards : les panneaux de la vengeance est un film réalisé par Martin McDonagh. Sacré aux Golden Globes, le film met en scène Frances McDormand dans le rôle d’une mère prête à tout pour que l’on attrape les tueurs de sa fille.

Neuf mois après le viol et le meurtre de sa fille Angela (Kathryn Newton), Mildred Hayes (Frances McDormand) n’en peut plus d’attendre que la police se décide enfin à agir. Après tout ce temps, aucun résultat n’est ressorti de l’enquête et elle a le sentiment d’avoir été abandonnée par les autorités. C’est ainsi qu’elle décide de louer trois immenses panneaux publicitaires à l’entrée de sa ville, Ebbing dans le Missouri, pour y prendre à partie au travers de trois messages le chef de la police locale William Willoughby (Woody Harrelson) : « Raped while dying » – « And still no arrests? » – « How come, chief Willougby? »
Ces trois panneaux vont provoquer une sérieuse remise en question pour le chef de la police, mais aussi une réaction violente de la part de certains habitants et officiers de police, dont l’officier Dixon (Sam Rockwell) qui est déjà connu pour des faits de violence policière.

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Mildred Goes to War

Plus qu’une quête de vengeance, c’est une quête de vérité qui anime Mildred. Elle n’en veut pas personnellement au chef de la police, pas plus qu’aux officiers, mais ne cherche qu’à les provoquer pour qu’enfin ils mettent les moyens nécessaires dans une enquête à la traîne. Cela va lui attirer des ennuis évidemment, dans une petite bourgade où tout le monde connaît et apprécie le chef de la police. Mais lorsqu’il s’agit d’élucider le meurtre sauvage de son enfant, la mesure n’existe pas, seuls les résultats comptent. On se prend évidemment d’affection pour Mildred, incarnée par Frances McDormand qui est une sérieuse prétendante à l’Oscar de la meilleure actrice. L’héroïne est déterminée, prête à tout et d’une répartie sans pareille face à des autorités qui s’illustrent par leur incapacité à mettre la main sur les responsables du meurtre. Ils représentent cette autorité qui n’a pas les épaules assez large pour mener à bien ses missions, entre les officiers qui préfèrent manger des donuts les pieds sur le bureau, et ceux qui profitent de leur position pour assouvir leur racisme au travers de violences policières. Martin McDonagh nous dépeint une petite ville assez quelconque du Midwest américain, avec ses préjugés et ses problèmes sociétaux qui n’intéressent pas grand monde. Au travers de cette mère qui se sent abandonnée par les autorités, c’est tout une population qui ressent la même chose. Abandonnés à leur sort, les habitants se débrouillent comme ils peuvent, à l’image d’une police qui n’est ni formée, ni équipée pour mener une enquête qui la dépasse.

Le réalisateur évite ainsi de tomber dans un manichéisme attendu. Si la police n’est pas montrée sous son meilleur jour, on va découvrir que son chef, interprété par un excellent Woody Harrelson, est loin d’être ce policier incompétent et flemmard que l’on imagine au départ. Soucieux de résoudre un jour cette enquête, il est pris de remords alors qu’il n’a jamais été capable d’apporter des réponses à Mildred. Le réalisateur filme son acteur avec beaucoup d’affection, le met en scène dans des moments extrêmement difficiles de sa vie mais ne le met pour autant pas sur un pied d’égalité avec Mildred : elle est celle qui porte le fardeau, la mort d’une fille innocente, et c’est là que 3 Billboards est une véritable réussite. Cynique mais sensible, le film nous montre toutes les facettes d’une ville qui a été profondément traumatisée par le drame. La mère de la victime a évidemment vue sa vie être bouleversée, mais tout son entourage, proche ou non a également vu ses habitudes et ses croyances être bouleversées dans une petite ville où rien n’arrive habituellement. Les problèmes sont nombreux, et tous se retrouvent autour de ce drame extrêmement violent qui a touché la ville en son coeur. Les panneaux ne sont finalement que l’expression d’une colère profonde qui anime les habitants, comme un symbole de cette Amérique qui n’a jamais voix au chapitre.

Can’t Give Up Hope

Et la caméra de Martin McDonagh saisit avec brio tous ces instants presque futiles où l’espoir et la joie vient contrebalancer l’amertume qui anime chaque habitant. Si l’envie de vengeance n’est jamais loin, c’est un deuil qui doit être traversé par Mildred et son fils. Un fils très en retrait dans le film, même s’il est l’objet d’une scène fabuleuse où dans la voiture avec sa mère, passant devant les fameux panneaux, il lui reproche leur existence : il ne veut pas avoir à penser à ce traumatisme en passant sur ce lieu tous les jours. C’est un élément important du récit, car c’est ce déni qui a permis à la ville de rapidement passer à autre chose. Un déni que Mildred fait éclater avec ses panneaux, s’attirant à la fois le soutien et les foudres des habitants. Le réalisateur se sert de ces sentiments contraires pour faire évoluer ses personnages jusqu’à un final inattendu, ou au moins surprenant, qui achève le spectateur au termes d’un drame qui aura pourtant su nous faire sourire à quelques instants.

3 Billboards : les panneaux de la vengeance prouve à chaque instant qu’il mérite chaque Golden Globes qu’il a remporté il y a quelques temps. Un des favoris aux Oscars, le film s’illustre tant grâce au travail du réalisateur qu’à celui de son actrice, terriblement sincère dans un rôle surprenant. En tout cas, il ne fait aucune doute qu’elle aura un sérieux rôle à jouer aux Oscars.

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