Skyward – Tome 2, la découverte du nouveau monde

En octobre dernier je vous ai fait part de mon enthousiasme pour le premier tome de Skyward, une nouvelle série de comics chapeautée par Joe Henderson qui, jusque là, était plutôt versé dans le monde de la télévision. Showrunner de Lucifer notamment, il proposait avec les dessinateurs Lee Garbett et Antonio Fabela un récit de science-fiction où la Terre se trouvait soudainement privée de gravité. Rythmé et très cinématographique, le premier tome laissait paraître d’énormes espoirs que cette suite a pour mission de confirmer. Le tome 2 sort ce mercredi 23 septembre en librairies aux éditions Hi Comics.

Willa a quitté Chicago, poursuivie par la corporation responsable de la mort de son père. En route vers son prochain objectif, son train est attaqué et elle trouve refuge chez des fermiers, où elle découvre un monde dont elle ignorait l’existence.

La nature reprend ses droits

Dans un monde privé de gravité, l’évolution et sa théorie est remise en cause. Des animaux disparaissent au moindre accident capable de les envoyer dans la stratosphère, tandis que les espèces capables de se mouvoir malgré une gravité réduite à zéro prennent le pouvoir. C’est ce que raconte ce deuxième tome où l’héroïne découvre l’air ébahi un monde complètement changé, loin des villes jusque là protégées des dangers extérieurs, où la nature reprend ses droits et remet en cause quelques théories. Libellules surdéveloppées, lucioles gigantesques et insectes tueurs, les révélations sont nombreuses sur un monde qu’on lui a caché. L’occasion de découvrir le sort d’une autre ville, mais aussi l’existence d’une faction qui semble lutter contre le pouvoir en place. Exit les gratte-ciels et sa manière de prendre la science-fiction à contre-courant en mettant cette fois-ci les riches tout en bas, en sécurité et les pauvres tout en haut, symbole de danger et non pas de puissance. Le deuxième tome de Skyward cherche à réinventer son récit en l’amenant un peu plus loin, en dévoilant une facette de son monde dont on ne soupçonnait pas l’existence. C’est un véritable retournement de situation que l’équipe créative nous offre, en allant s’intéresser à la faune et à l’état du monde après des années sans gravité plutôt que d’insister plus longuement sur l’histoire de meurtre et de corporation maléfique. Bien que ces derniers restent en embuscade et devraient sans nul doute alimenter le récit de Joe Henderson dans le prochain tome.

Cette orientation permet à Lee Garbett et Antonio Fabela de se lâcher un peu plus avec des planches qui recèlent de détails et de couleurs, désignant de nouveaux dangers pour l’héroïne avec ces dessins d’une beauté toujours saisissante. Sortir de la ville leur permet d’imaginer une nouvelle mise en scène de situations radicalement différentes, où les dangers ne viennent plus des humains mais d’insectes qui ont dont la taille a été démultipliée une fois libérés de toute forme de gravité. Les dessins conservent d’ailleurs ce même sens du rythme du premier tome, avec une approche très cinématographique des situations et de leur enchaînement. On sent toujours que le trio, tant à l’écriture qu’au dessin et aux couleurs, a cette volonté de faire de Skyward une œuvre un peu à part qui pioche librement dans des inspirations venues du cinéma et de la télévision. C’est ce qui lui permet certainement de pouvoir explorer de nouvelles situations sans pour autant briser la cohérence de son récit, en mettant son héroïne dans la position d’une spectatrice face à un monde qui a changé sans l’attendre. Malgré tout ce deuxième tome n’est pas toujours apte à convaincre tant cette suite tranche avec ses débuts, en préférant sortir de la ville qui constituait pourtant un élément important de l’intrigue. Ses buildings et ses toits qui deviennent source d’angoisse caractérisaient un univers atypique que je prenais plaisir à découvrir, mais on ne retrouve pas cette même saveur dans cette escapade à la campage.

© Joe Henderson, Lee Garbett et Antonio Fabela, Skyward, T.1, Bragelonne – Hi Comics.

Des faiblesses vite oubliées

L’autre déception réside dans quelques scènes qui tirent vers la relation amoureuse et les allusions sexuelles malvenues, que le premier tome se permettait d’éviter mais que cette suite semble aborder de manière inévitable. Comme si un personnage féminin ne pouvait pas exister seule sans qu’on lui colle un homme et des sous-entendus qui ne font pas vraiment rire. Ces quelques situations tombent comme un cheveu sur la soupe et provoquent une poignée de scènes très convenues, qui s’oublient heureusement rapidement tant l’écriture des situations reste de manière générale le point fort de Skyward. Alors on peut bien lui pardonner quelques errements qui, en outre, se comprennent facilement : tenter de coller une histoire d’amour à l’héroïne est un bon moyen d’appuyer sur son besoin de repères après la perte de son père. On pourrait quand même espérer quelque chose de plus original, mais on s’en contente à défaut de mieux.

Skyward était une des plus belles surprises de 2019 et si cette suite n’est pas entièrement convaincante à cause d’une ambiance très différente et quelques errements d’écriture, elle a le mérite d’essayer autre chose et de surprendre. Cela montre néanmoins que l’histoire imaginée par Joe Henderson est d’une grande richesse, refusant de se cantonner à ce qu’il suggérait dans le premier tome. La curiosité est maintenant de mise, avec une certaine impatience de voir comment tout cela va s’imbriquer dans le prochain tome.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire envoyé par les éditions Hi Comics.

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