The Witcher : Un grain de vérité, du roman aux comics

La saga du Sorceleur de Andrzej Sapkowski ne manque pas d’adeptes, tout comme son adaptation vidéoludique dans The Witcher (de CD Projekt) dont le troisième épisode, notamment, s’est vendu en quelques dizaines de millions d’exemplaires. Il était ainsi inévitable que la licence se dirige vers d’autres horizons : une série Netflix, des produits dérivés en tout genre et… des comics. Mais si les précédents comics sortis (aux éditions Urban Comics) s’intéressaient plutôt à l’univers développé dans les jeux vidéo, Jacek Rembis et Jonas Scharf (Avengers, Power Rangers…) font un autre choix, celui d’adapter une nouvelle de Sapkowski. Et quoi de mieux pour cela que Un grain de vérité, un récit où l’auteur polonais réinventait le conte de La belle et la bête ?

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

« Une découverte macabre au détour d’une forêt mène Geralt de Riv à un château abandonné et à son curieux hôte : Nivellen, une bête étrange à l’intelligence humaine. Le temps d’un repas avec le Sorceleur, Nivellen se livre sur son passé et sur le maléfice qui l’accable. Si le poids de ses fautes l’a condamné à cette apparence monstrueuse -un châtiment cher aux contes de fées-, Geralt devra trouver le grain de vérité caché dans ces légendes pour conjurer la malédiction… » (Hi Comics)

© 2022 Jacek Rembis, Jonas Scharf / Dark Horse – Hi Comics

Le monstre au fond de lui

Je dois bien avouer ne pas être un grand fan de la saga du Sorceleur : si j’ai apprécié les jeux, les nouvelles et romans me sont passés au-dessus. C’est pas faute d’avoir essayé de persévérer en lisant les deux premiers tomes sortis aux éditions Bragelonne, mais il fallait bien à un moment admettre que ce n’était pas pour moi. Malgré tout, quelques passages restent de qualité, et parmi eux j’ai beaucoup aimé la nouvelle Un grain de vérité. Ce qui a décuplé l’envie de découvrir cette adaptation en comics, un choix évident pour Jacek Rembis et Jonas Scharf tant la nouvelle de Sapkowski a quelque chose de très visuel, très imagé, adaptant un peu à sa manière la Belle et la Bête. On y découvre une adaptation fidèle, bien qu’il y ait évidemment des coupes pour pouvoir faire tenir l’histoire en quelques pages, toutefois l’essence de l’histoire y est bien. On se rend compte que Scharf a très bien saisi l’univers visuel que l’auteur polonais a imaginé, avec une ambiance et des couleurs qui sont très proches de ce que l’on pourrait imaginer en lisant la nouvelle. L’écriture de Sapkowksi, en outre, bénéficie d’une jolie adaptation par Jacek Rembis qui en reprend quelques éléments essentiels sans manquer d’y ajouter sa touche, pour faire coller au mieux l’histoire aux codes narratifs qu’implique le comics.

On y perd toutefois peut-être un peu de certaines émotions, notamment lorsque Nivellen, l’homme devenu bête, raconte son passé. C’est succinct, très résumé, diminuant l’impact émotionnel et tragique du destin d’un homme sur qui est tombé une terrible malédiction. Le comics ne manque pas de surprendre et d’attirer à cet univers si particulier, mais il a bien du mal à émouvoir comme peut le faire la nouvelle. Il y a toutefois une chose très appréciable : toute la partie du « combat » inévitable dans les histoires du Sorceleur, qui est payé pour éliminer des monstres, est très réduite. Comparé à la nouvelle, cette opposition est bien plus courte et ne fait l’objet que d’une poignée de planches. Et c’est d’autant mieux que le duo Rembis-Scharf maîtrise moins bien cette partie que la formidable mise en scène des dialogues entre Geralt et Nivellen, des moments où Un grain de vérité prend toute son ampleur.

© 2022 Jacek Rembis, Jonas Scharf / Dark Horse – Hi Comics

Une adaptation facile

On lui concède aisément un autre excellent point : on y retrouve l’ambiance de la nouvelle, avec un comics qui prend son temps pour installer le contexte dans lequel évolue Nivellen, ce qui l’a poussé à se renfermer, l’horreur qui rôde à chaque chemin et l’enfer qui l’entoure. Si le comics élude un peu trop vite son passé (il faut dire que le tome est très fin avec ses 56 pages), il parvient néanmoins à consacrer de bien belles planches à la crainte inspirée par le « monstre » et la peur que lui-même ressent. On reste toutefois sur une adaptation facile, avec une valeur ajoutée bien mince par rapport à la nouvelle. Si cela ouvre Un grain de vérité à un nouveau public, l’adaptation n’apporte rien de bien particulier ni de nouveau et se contente pour l’essentiel de résumer les pages écrites par Sapkowski.

Un grain de vérité est une superbe nouvelle, un moment de grâce dans la saga du Sorceleur qui mérite les nombreux éloges qui en ont été faits. L’adapter en comics est une bonne idée, mais peut-être que le duo formé par Jacek Rembis et Jonas Scharf aurait pu aller un peu plus loin. On admire leur capacité à retranscrire l’ambiance et l’univers de Sapkowski, mais cette adaptation est un peu vaine au sens où elle ne cherche jamais vraiment à apporter un peu plus que l’original. C’est agréable à lire pour sa fidélité, mais pas indispensable à cause de son incapacité à aller plus loin.

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