Après la comédie au succès retentissant Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu qui s’amusait des préjugés et amalgames, le réalisateur Philippe de Chauveron revient avec Débarquement immédiat, un buddy movie où un policier doit raccompagner un délinquant expulsé en Afghanistan.
José Fernandez (Ary Abittan) est chargé de raccompagner des étrangers expulsés de France dans leur pays avec son collègue Guy Berthier (Cyril Lecomte) de la Police aux frontières. Son rêve est d’intégrer la Brigade de Répression du Banditisme, un rêve exaucé lorsque son chef lui annonce sa mutation, qui prendra effet à son retour : il est en effet chargé d’une dernière mission, s’occuper du transfert de Karzaoui (Medi Sadoun), un afghan condamné pour avoir agressé une vieille dame. Mais celui-ci clame son innocence et affirme être algérien, disant qu’il y a un malentendu et qu’il a volé les papiers du vrai Karzaoui qui dormait dans la rue. Mais les deux policiers qui entendent chaque semaine les reconduits aux frontières leur raconter le même genre d’histoire n’y font pas attention. Alors que leur avion est en route pour Kaboul, une tempête se déclenche et force l’avion à atterrir en urgence à Malte, obligeant les deux policiers et le délinquant d’attendre qu’un nouvel avion les emmène enfin à destination.
Rire avec l’actualité
Les galères vont s’enchaîner à Malte. Karzaoui va essayer de s’échapper, Guy ne pensera qu’à coucher avec des étudiantes locales et José sera pris entre son boulot et une femme jalouse. Pourtant cette excursion lourde en rebondissements et situations cocasses pousseront José et Karzaoui à se rapprocher et éprouver une certaine empathie l’un envers l’autre. Tandis que l’un va commencer à croire à l’histoire de malentendu, l’autre veut tout faire pour rejoindre sa femme en Algérie. Cette visite de Malte les amènent dans toutes sortes d’endroits, entre boîte de strip-tease et camp de réfugiés, ils vivent une aventure improbable l’espace de 48h. Deux jours pendant lesquels José doit gérer les choses avec sa hiérarchie, prétendant tout avoir en main afin qu’on ne lui retire pas la mutation promise.
Pendant cette aventure ils vont également rencontrer d’autres personnages, comme le pilote de leur avion aux tendances psychopathe et pervers mais surtout très drôle, ou encore différents réfugiés dans le camp. Des rencontres qui sont là pour mener les personnages jusqu’à un final certes prévisible mais sympathique.
Le film s’inspire clairement de notre société et l’actualité, de la même manière que Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, le réalisateur s’amuse des préjugés et discours racistes, il aborde la question des réfugiés et des origines des uns et des autres : comme le fait remarquer Karzaoui au policier, « Fernandez » ce n’est pas très français.
Un buddy movie à l’ancienne
Finalement, Débarquement immédiat ne fait que reprendre une recette qui a fait ses preuves par le passé. A la manière des films de Jacques Veber dans les années 1980, on retrouve deux personnages que tout oppose et qui se rapprochent devant des épreuves improbables. Un buddy movie à la française qui n’apporte pas grand chose au genre mais qui a le mérite d’être efficace et, mis à part quelques coups de moins bien, plutôt drôle.
On pourrait lui reprocher de manquer de ce grain de folie, de ne jamais vraiment aller au bout du délire à la manière d’un Very Bad Trip. Mais même si le film reste relativement sage, Philippe de Chauveron parvient encore à nous faire marrer grâce aux excellents Ary Abittan et Medi Sadoun, accompagnés par un Cyril Lecomte délirant en policier pervers. Ce film reprend les recettes à succès du passé en y ajoutant une pointe de modernité avec des thèmes d’aujourd’hui. Ce n’est pas la comédie de l’année, mais on passe assurément un bon moment devant.