Doctor Strange, plus lisse qu’étrange

Doctor Strange est le nouveau film des studios Marvel, et vient introduire un nouveau personnage à son univers cinématographique. Réalisé par Scott Derrickson, il montre les origines de Stephen Strange et la manière dont il est devenu le super-héros qu’on connaît.

Stephen Strange (Benedict Cumberbatch) est un neurochirurgien reconnu à New York, particulièrement prétentieux et désagréable pour son entourage. En route pour un dîner donné où il doit prononcer un discours, il a un terrible accident de la route et se retrouve au bloc opératoire pendant des heures. A son réveil son amie Christine Palmer (Rachel McAdams) lui annonce que les lésions à ses mains sont trop importantes et ne peuvent être guéries, il ne pourra plus les utiliser normalement et perd ainsi la dextérité qui lui permettait d’effectuer son métier. Mais il ne renonce pas, et découvre le cas d’un ancien patient qui aurait entièrement guéri après des blessures semblables. Ce dernier va lui faire découvrir l’existence de Kamar-Taj, un endroit secret au Népal où il pourrait guérir, et c’est là qu’il fait la rencontre de l’Ancien (Tilda Swinton), qui lui révèle l’existence de la magie.

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Il était une fois…

Une bonne partie du film vient nous conter les exploits de Strange en tant que neurochirurgien, sa relation compliquée avec Christine Palmer (amie/amante selon la situation) ou alors à quel point cet homme sûr de lui, en quête perpétuelle de reconnaissance, est un véritable connard à qui on souhaite tous les malheurs du monde. Et puis l’accident arrive, la Lamborghini y laisse sa vie mais pas le docteur, qui n’y perd « que » ses mains. Alors du haut de ses certitudes il va avoir un peu de mal avec les révélations de l’Ancien à son arrivée à Kamar-Taj : la science n’explique pas tout, pire, la magie et d’autres dimensions existent. Pire encore, un méchant fade et passe-partout (interprété par Mads Mikkelsen) aide un autre méchant millénaire à conquérir la Terre. Mais le Doctor Strange s’en fout un petit peu au début, parce qu’il est là pour regagner l’usage de ses mains grâce à la magie, jusqu’à ce qu’il soit directement confronté au « Mal » et soit contraint d’essayer de sauver l’humanité.
L’opposition entre la science du docteur et la magie et les croyances de l’Ancien donne évidemment lieu à quelques blagues « à la Marvel » et constituent un bon point de départ pour l’intrigue, la prétention de Strange est détruite par une autre réalité dont il n’a aucune connaissance et qu’il doit apprendre dans de nombreux livres. Il se rend compte qu’il a encore beaucoup à apprendre sur le monde, et décide de se remettre en cause : le passage obligé pour tout bon super-héros, avant la bataille qui l’opposera à un ennemi surpuissant.

Le film impressionne grâce à ses effets spéciaux, toujours lisses mais qui en mettent tout de même plein la vue. Les immeubles qui se transforment, qui tournent (à la manière de Inception) nous amènent dans une dimension parallèle où des amateurs d’arts martiaux s’en mettent plein les dents avec des épées magiques en sautant d’un immeuble à l’autre. Mais avec cette arrivée dans l’univers Marvel d’un personnage qui maîtrise la magie, on aurait pu espérer un peu mieux, peut-être des affrontements plus impressionnants et une magie plus présente entre les mains des protagonistes plutôt que dans leur environnement. Pour autant, le film reste plutôt bien rythmé et ne laisse aucune place à l’ennui, la dynamique des personnages fonctionne bien et l’univers qu’on découvre ici regorge de détails qui interpelleront les connaisseurs de Marvel. Benedict Cumberbatch porte évidemment le film, son personnage imbu de lui-même rappelle inévitablement Sherlock, mais ce n’est pas un problème. Il incarne le Doctor Strange de la meilleure des manières et j’ai hâte de le voir aux côtés des Avengers à l’avenir.

… Doctor Meh

Mais voilà, la magie qui entoure l’histoire de Doctor Strange n’apporte rien à un univers qui a perdu la sienne il y a longtemps. La trame est si convenue et si bien structurée qu’elle n’est qu’un clone de tous les « origin movies » des héros Marvel ; un traumatisme originel, une détermination à s’en sortir qui se transforme en bien général, un mentor-qui-ne-dit-pas-tout, une romance et un méchant passe partout. La formule, impeccable, pourra encore être réutilisée des dizaines de fois sans grain de sable dans l’engrenage ; on a droit au même genre de scènes, de doutes, de moments d’héroïsme et de blagues qu’à l’accoutumée. Doctor Strange avait l’occasion de proposer cette petite chose en plus avec des enjeux différents, plus mystiques, que les autres films de l’univers cinématographique Marvel, mais au final il n’en est rien. Benedict Cumberbatch est évidemment génial dans ce personnage qui semble avoir été créé pour lui, mais je me dis que sans cet éminent acteur, le film n’aurait plus aucune saveur. Avec une intrigue convenue, des personnages secondaires pas très passionnants et un méchant qu’on oublie dès la fin de la séance, Doctor Strange n’est pas encore le film Marvel Studios qui donnera un nouvel élan à un univers qui commence sérieusement à patauger.

Pour autant ça reste un film divertissant qui plaira aux fans de cet univers -moi, notamment- car il reprend avec brio les codes du genre et que la direction artistique et les effets spéciaux sont à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un film sur ce personnage. Mais je ne peux pas m’empêcher d’être déçu, car j’en attendais beaucoup et espérait voir quelque chose de plus audacieux, qui casserait un peu la routine qui s’est installée dans les films du genre.

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