Le réalisateur Stephen Gaghan (Syriana) s’est attaqué avec le film Gold au scandale de la mine d’or de Busang en Indonésie, qui dans les années 1990 était censée contenir quelque 4 000 tonnes d’or. Les choses se sont gâtées quand on a découvert qu’il n’en était rien en réalité. On part à l’aventure avec Matthew McConaughey, en quête d’argent et de gloire.
Kenny Wells (Matthew McConaughey) est un homme d’affaires raté : après la faillite de la société que son père lui a laissé, il se retrouve embarqué dans une vaste affaire de mine d’or sur l’île de Bornéo. Il convainc le géologue Michael Acosta (Édgar Ramírez) de l’accompagner dans ce qui s’annonce comme la plus grande découverte du siècle. Cependant, les choses vont mal tourner, et les premiers échantillons qui annonçaient une incroyable mine d’or sont remis en cause.
This must be the place
Naïf et plein d’espoirs, l’homme d’affaires qui espère enfin voir ses ambitions le mener à la gloire se lance sans réfléchir dans cette aventure. En y mettant ses toutes dernières économies, il se rend en Indonésie et cherche n’importe quel moyen pour commencer l’extraction de la mine.
Gold est donc l’histoire d’un homme désespéré, qui à cause d’une quête de gloire et d’argent va tomber plus bas qu’il ne l’était. C’est l’aventure d’une vie qui se matérialise dans cette mine d’or, tombée du ciel, que personne n’avait pu explorer jusqu’alors et qui concentre tous les rêves de cet homme. Avec sa femme qui l’a toujours soutenu, malgré les échecs, il est certain que cette fois-ci, la chance est avec lui. C’est un personnage évidemment attachant, car il incarne les rêves et les peurs de chacun lorsqu’un nouveau défi apparaît. Mais c’est aussi quelqu’un qui a su passer outre pour se lancer corps et âme dans ce qui pouvait être le coup de sa vie.
Malheureusement ce qui s’annonçait comme un fabuleux film d’aventure n’en est rien. L’histoire de cette mine d’or, passée plutôt inaperçu dans nos contrées mais qui a été un vague scandale outre-Atlantique, était suffisamment intéressante pour permettre au réalisateur et aux scénaristes de proposer une histoire rocambolesque où il est difficile de savoir qui est le véritable escroc. Avec des échantillons trafiqués, un héros naïf et des multinationales qui y voient là une occasion en or d’y faire d’énormes profits, les pistes étaient nombreuses pour s’intéresser à la fois à l’action en Indonésie et aux manigances de cols-blancs dans les banques américaines. Au final le film sonne plutôt creux avec son intrigue extrêmement convenue qui rappelle de nombreux films de scandales financiers (American Bluff, The Big Short ou même Le Loup de Wall Street), d’autant plus qu’il balaie assez rapidement l’aventure pour se concentrer sur un affrontement entre financiers qui voient Wall Street couler face à la bulle spéculative qui s’est créée autour de la fameuse découverte. Le héros est lâché et ne fait que subir les événements, alors que son rêve d’aventure s’est envolé aussi vite qu’il est apparu. C’est quelque chose que j’ai beaucoup regretté, car tout était là (le dépaysement, l’aventurier, la quête du trésor) pour un récit d’aventure, en laissant une place plutôt moindre au dénouement de l’affaire qui ne laisse pas beaucoup de place pour la surprise.
I got it bad for you
Le pire étant que Matthew McConaughey propose une énième fois la même prestation, avec ses tirages surjouées à n’en plus finir, devenant une quasi-parodie de lui-même. Si cela lui a valu beaucoup de bonnes critiques, toujours justifiées, dans de précédents rôles, ici tout paraît beaucoup trop lourd. Avec un film qui n’apporte rien au genre en se limitant simplement à reprendre ce qui a fonctionné ailleurs, et un acteur qui ne semble pas non plus y croire, c’est deux longues heures qui s’offrent au spectateur, venu là en croyant naïvement que Gold serait cette aventure épique promise par la bande-annonce.
De belles promesses, souvent ennuyeux et parfois risible, Gold passe à côté de ce qui rend cette histoire atypique et se contente de proposer, péniblement, le même genre de chose que des dizaines d’autres films. Les fantasmes sur la bourse et la spéculation a énormément alimenté l’imagination des scénaristes hollywoodiens ces dernières années, mais les films passent et les situations se répètent avec cette mauvaise impression de tout connaître dès le premier quart d’heure du film.