Réalisé par Ben Wheatley, Free Fire est une comédie d’action britannique avec Brie Larson, Sharlto Copley et Armie Hammer en têtes d’affiche. Cette histoire absurde réunit des malfrats autour d’un deal qui ne peut que mal tourner, alors que chacun joue son petit numéro.
En 1978, des membres de l’IRA font appel à Justine (Brie Larson), une intermédiaire censée leur faire rencontrer Vernon (Sharlto Copley), un vendeur d’armes. Alors que l’affaire suit son cours, les choses dérapent et une véritable impasse mexicaine s’installe : les camps se délitent et plus personne n’est digne de confiance. Dans l’entrepôt, théâtre des événements, chacun tente d’accéder au seul téléphone à portée pour pouvoir appeler des renforts et espérer en sortir vivant.
The last man standing
Un huis clos dans un entrepôt glacial et des malfrats maladroits, Free Fire n’est pas sans rappeler Reservoir Dogs de Tarantino. Au-delà de l’évidente inspiration, ce film joue essentiellement sur les faux semblants, les trahisons et les alliances qui se font et se défont. Free Fire débute au moment où tous les malfrats se réunissent dans l’entrepôt pour procéder à l’échange : d’un côté on amène les armes, de l’autre l’argent. Entre les membres de l’IRA et les vendeurs d’armes la tension ne fait que monter, jusqu’à atteindre son paroxysme lorsque l’un des membres du gang découvre qu’un des gars de l’IRA a violé sa cousine. A ce moment-là les choses dégénèrent, un coup de feu est tiré et chacun va camper sur ses positions en tentant peu à peu de prendre l’avantage.
Au milieu on retrouve Justine, l’intermédiaire, mais les deux camps vont connaître leur lot de trahisons. On n’hésite pas à tirer sur ceux qu’on prétendait voir comme des amis quelques minutes plus tôt, pour peu que cela permette d’avoir une ouverture vers le téléphone à l’étage du hangar. Parce que pendant une heure, le but de tous ces malfrats sera d’atteindre ce téléphone salvateur qui leur permettra de rameuter des renforts.
Plutôt drôle et souvent absurde, Free Fire m’a fait passer un bon moment. Les personnages sont d’une bêtise crasse et on voit vite arriver leurs malheurs : il était impossible que les choses se déroulent correctement. A trop jouer les durs, ils vont se brûler et on retrouve une excellente Brie Larson au milieu, en arbitre nommée Justine, mais qui va parfois aller dans un camp ou un autre. Ce personnage extrêmement détestable est pourtant celui qui fait le lien dans une histoire un peu improbable où personne ne sait vraiment comment s’y prendre. Le marchand d’armes est une caricature de lui-même, interprété par un bon Sharlto Copley, tandis que les membres de l’IRA ressemblent plus à de petits délinquants de bas étage, qui tentent de se faire plus gros qu’ils ne le sont.
Le film se révèle plutôt jouissif, avec une réalisation qui s’appuie sur des jeux de lumière et qui occupe plutôt bien l’espace de l’entrepôt au mieux, tournant sans cesse en dérision ces malfrats rapidement criblés de balle mais qui vont continuer de ramper et négocier un peu plus d’argent pour aider leurs « amis ». Quelques plans sont des plus sympathiques, Free Fire se révélant être un plaisir visuel.
We can’t all be nice girls
Pourtant Free Fire ne rentrera pas dans les annales : avec son rythme un peu bancal, l’heure et demie peut parfois se faire ressentir. Si la première partie où la montée en tension jusqu’à l’inévitable échec du deal est très bonne, le reste du film a parfois plus de mal à convaincre. Manquant certainement de répliques piquantes à la manière de Reservoir Dogs, sa principale influence, le film se perd parfois un peu et connaît un passage à vide au milieu. Alors si j’ai au final plutôt bien aimé le film, je dois avouer en avoir attendu un peu plus compte tenu de sa première partie. Heureusement Brie Larson et Sharlto Copley tiennent bien les débats jusqu’au bout, et quelques scènes sont au-dessus du lot en dépit d’une bande-son beaucoup trop en retrait.
Un nouveau film avec Brie Larson devient un véritable événement : l’actrice oscarisée pour le fabuleux Room prouve encore une fois ses qualités. Si Free Fire n’est pas dénué de défauts, il reste quand même une comédie d’action sympathique où se mêlent absurde et stupidité, avec des malfrats qui n’en sont pas vraiment. J’en attendais certainement plus, mais je garderais un bon souvenir de ce film, avec une réalisation comme un goûter un peu sucré qui en fait parfois trop mais qui reste appréciable.