Lady Bird, le prix de la liberté à Sacramento

Lady Bird est un film réalisé par Greta Gerwig. Sorti il y a quelques semaines, il a été nommé dans plusieurs catégories aux Oscars, notamment pour l’Oscar de la réalisation et celui de la meilleure actrice pour Saoirse Ronan. Si le film n’a pas obtenu de récompenses, il n’en reste pas moins un des excellents films de ce début d’année.

Christine « Lady Bird » McPherson (Saoirse Ronan) est une lycéenne qui vit avec sa mère (Laurie Metcalf) à Sacramento. Cette dernière est autoritaire et n’envisage qu’un seul avenir pour sa fille, dans leur ville de Sacramento, près d’elle. Mais l’adolescente rêve d’autre chose, d’ailleurs, et va secrètement tenter de rejoindre une université à New York.

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Hello, Sacramento

Presque autobiographique, Lady Bird raconte cette jeunesse rebelle de la banlieue de Sacramento, loin des paillettes de Los Angeles et qui rêve d’avoir un avenir. L’héroïne Christine, qui se fait surnommer Lady Bird, est une lycéenne lambda qui aime se raconter des histoires et dont le seul objectif est de partir loin de là. Si la réalisatrice, elle-même née à Sacramento, affirme que le film n’est pas un biopic, elle admet tout de même que le film raconte des choses qu’elle a vue et dont elle a fait l’expérience lorsqu’elle vivait là-bas. Et ça se ressent, car le script qu’elle a mis tant d’années à écrire est empreint de sincérité et d’émotion. C’est un regard vraiment amoureux que porte la réalisatrice sur Sacramento et sa jeunesse, ses rêves et ses situations diverses. Tant dans son script que dans la manière qu’elle a de filmer les différents quartiers où évoluent les personnages, on trouve ce même amour presque passionnel entre une femme aux rêves de réussite et de côte Est des Etats-Unis, et une ville pas vraiment connue pour son ambiance. L’héroïne rêve d’indépendance mais elle est scolarisée dans un lycée catholique, pas vraiment en phase avec sa personnalité, et n’ambitionne que de partir à New York. Une ville qui la fait rêver tant elle symbolise la liberté et la culture, en opposition à Sacramento qui n’est que le théâtre que de tous ses problèmes. Et elle a du mal à mener à bien ses projets, car sa mère autoritaire n’acceptera jamais cette idée tandis que ses amis n’en sont pas toujours.

L’actrice Saoirse Ronan, nommée aux Oscars à cette occasion, livre une performance fantastique dans la peau de l’adolescente. Elle s’approprie le personnage et prouve sans mal que le rôle était taillé pour elle. On prend beaucoup de plaisir à suivre ses péripéties et sa quête de liberté, ses rêves d’ailleurs et sa manière d’aborder un lycée dans lequel elle ne se reconnaît pas. Un personnage auquel beaucoup de personnes s’identifient sans mal, mais surtout un personnage qui porte tous les désirs d’une génération en quête d’identité, de renouveau, d’indépendance et de liberté. Elle se définit comme une artiste et aspire à une vie libérée de toute contrainte, en parfaite opposition avec le lycée catholique qui lui sert de modèle. Le film s’avère être une vraie bouffée d’air frais mais surtout une très grande réussite pour sa réalisatrice. Elle y a mis tout son coeur et son actrice le lui rend de la plus belle des manières, les deux portent le film chacune à leur manière. L’une en filmant avec beaucoup de sincérité la ville de Sacramento, tandis que l’autre utilise l’espace et le contexte pour porter le personnage tout en haut. Si le film raconte l’ascension, ou au moins le cheminement vers la liberté tant recherchée, c’est aussi un fantastique conte sur l’impact de l’environnement sur la vie d’une adolescente. Elle accuse Sacramento de tous les maux, mais elle reste néanmoins fortement attachée à cette ville qui l’a vu grandir.

Cry Me a River

Greta Gerwig parvient à nous plonger dans l’ambiance si particulière de sa ville, tant par son jeu de caméra que la musique qui accompagne les aventures de Lady Bird. On découvre une ville authentique et loin des idées que l’on se fait habituellement sur la Californie, une Amérique plus sincère mais qui vient avec tout son lot de problèmes. L’héroïne n’est finalement qu’une émanation, voire même une simple excuse pour une ville qui a tant à nous faire découvrir. Si Lady Bird et sa relation avec sa mère proposent de très beaux moments, le film est avant tout une ode à Sacramento et tout ce qu’elle représente pour sa réalisatrice. C’est en ce sens que le film semble autobiographique : seule une personne qui a grandi dans une ville peut en parler avec autant d’amour.

Parmi les films nommés chaque année aux Oscars on trouve des genres très différents, du film indépendant à la grosse machine hollywoodienne, on trouve aussi ce type de film. Ces films d’une sincérité sans pareil et qui offrent une vision romantique d’une époque ou d’un événement. Sacramento est le personnage principal de Lady Bird, l’adolescente n’existerait pas sans Sacramento et inversement, cette ville n’aurait pas la même saveur sans le talent de Greta Gerwig. L’actrice, et désormais réalisatrice, montre avec beaucoup de justesse qu’il y a de la place tout en haut de l’affiche pour un cinéma d’un autre genre.

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