Nous découvrions en début d’année le lancement en France de la série de comics Rick & Morty, adaptée de la série télévisée. Prenant place dans une dimension différente au dessin animé, les comics nous emmènent dans des aventures inédites. A l’image de ce troisième tome qui relance l’intrigue après la saga de Evil Morty. C’est aujourd’hui le troisième tome, publié par les éditions Hi Comics, qui nous parvient.
Rick et son petit fils repartent à l’assaut du multivers après avoir vaincu la menace de Evil Morty. Entre malentendus et grille-pain galactique, les deux héros vont devoir une nouvelle fois s’extirper d’une situation terrible au risque de perdre leurs têtes.
In My Head
La saga du dictateur Morty du tome 2 marquait une belle étape dans la progression des comics tirés de la série. Déjanté mais surtout véritable renvoi à cette idée du Evil Morty que l’on a vu apparaître sur petit écran, il constituait une saga sympathique. Relancer la machine après coup n’était pas aisé, pourtant Tom Fowler et CJ Cannon continuent d’explorer l’univers de Dan Harmon et Justin Roiland, et nous emmènent dans une aventure entre nouveau délire de Rick et hommage à Ready Player One, le film de Steven Spielberg.
L’histoire commence alors que Jerry, le père de famille, se met en tête de prouver sa supériorité face à Rick en essayant de faire fonctionner un grille-pain que le grand père a laissé traîner dans le coin. Le début de la catastrophe pour Rick et son petit fils, puisque les deux aventuriers se retrouvent coincés dans la tête d’un Rick alternatif. Un pitch improbable qui rappelle les meilleures aventures de la série, avec l’exploration d’un monde inédit qui obéit à ses propres règles. Si le précédent tome accusait le coup parfois avec un rythme hasardeux, le troisième tome relance parfaitement la machine avec cette histoire de grille-pain.
Et on doit tout particulièrement ce sens du rythme à CJ Cannon dont le travail sur les dessins a gagné en précision et constance, là où on pouvait reprocher certaines inégalités dans les planches qui nous étaient présentées auparavant. Toujours très proche de la série animée dans sa mise en scène, les comics gagnent en intensité et parviennent enfin à proposer ce côté très aventureux propre à la série animée. Le personnage de Rick est mis de côté une nouvelle fois pour permettre à son petit fils, Morty, de se mettre en avant. Un choix vraiment intéressant, en totale opposition à la série animée qui concentre l’essentiel de son action sur les choix de Rick, et un choix aussi osé pour permettre au complice du héros de prendre en épaisseur. Cela commençait déjà au tome précédent avec le dictateur Morty dans une dimension parallèle, et cette fois-ci on découvre un gamin qui va véritablement poser les bonnes questions et parfois s’opposer à son grand père, dont la stature du sauveur est mise en péril. Tom Fowler nous propose un troisième tome qui ne se perd jamais et au contraire monte crescendo jusqu’à ce qu’on en arrive à sa principale attraction.

Ready Player Morty
Cette attraction, c’est le quatrième chapitre titré Ready Player Morty. Une nouvelle fois centré sur Morty, ce chapitre hommage au film de Steven Spielberg emmène Morty dans une simulation de lycée où Rick affirme qu’il fera de son petit fils « un homme ». Une rhétorique d’un ancien temps qui contraste avec la technologie employée : une simulation en réalité virtuelle dans laquelle Morty va affronter de nombreux défis, entre harcèlement scolaire et guerre alien, dans l’espoir d’en sortir victorieux et enfin être reconnu comme un homme. Un chapitre écrit cette fois-ci par Pamela Ribon (qui a travaillé récemment sur les films d’animation Vaïana et Ralph 2.0), et dessiné par Marc Ellerby. C’est une véritable pépite qui s’offre à nous en fin de tome, avec l’utilisation très intéressante de la réalité virtuelle mais aussi la tendresse qui se dégage dans les relations des personnages impliqués dans l’histoire, notamment la relation père-fille de Jerry et de Summer.
Plus sensible qu’à l’accoutumée, ce troisième tome de Rick & Morty rappelle combien l’univers imaginé par Dan Harmon et Justin Roiland est propice aux bonnes histoires. Plein d’aventure et d’une justesse souvent formidable, ce troisième tome se conclut en beauté entre le Ready Player Morty et un épilogue entre paris sportifs et descendance transformée en chair à pâté. Aussi improbable que sympathique, souvent grincheux à l’image de son héros, Rick & Morty ne finit plus de nous séduire et son univers comics commence sérieusement à prendre le pas sur le dessin animé.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire envoyé par les éditions Hi Comics.