Mini-série coréenne en trois épisodes diffusée dans nos contrées par Netflix, Hymn of Death raconte l’histoire d’une soprano coréenne du début du 20è siècle. Surprenante et séduisante, la série nous emmène dans une véritable tragédie où l’amour et la guerre s’entrechoquent.
Pendant l’occupation coloniale japonaise dans les années 1920, un petit groupe de dramaturges tentent de rendre honneur à l’histoire de leur pays, en opposition à l’impérialisme japonais. Va se joindre à eux Yun Sim Deok (Shin Hye Sun), une chanteuse coréenne qui rêve de devenir la première soprano coréenne de l’histoire.
New Woman
Hymn of Death s’inspire de l’histoire vraie, et très romancée, de Yun Sim Deok, connue comme la première soprano coréenne. Une femme qui a inspiré les auteurs pendant des décennies puisque dès 1969 un film racontait son histoire, ainsi qu’un autre en 1991. Méconnue dans nos contrées, elle marque pourtant l’histoire de son pays à bien des égards : un amour tragique, une chanson (dont cette série reprend le titre) considérée comme la première chanson populaire coréenne, et une influence certaine sur le mouvement des « New Woman » qui se propageait au cours des années 1920 parmi les jeunes femmes coréennes, militant déjà à l’époque pour une libération de la condition de la femme, en opposition au patriarcat confucianiste. La série tente d’esquisser tous ces sujets, et le réalise avec une aisance certaine tant la réalisatrice et la scénariste de la série ont su capter avec justesse l’époque et l’expression de ses peines. On nous raconte avant tout une histoire d’amour, celle de Yun Sim Deok et du dramaturge Kim Woo Jin (incarné par Lee Jong Suk), unis par les planches et la flamme qui les anime. Une flamme qui les pousse à une forme de révolte, par l’écriture et le chant, face à un oppresseur qui tente d’effacer leur identité. C’est une œuvre particulièrement forte et qui en appelle à des sentiments de fierté et d’honneur, alors que les amoureux vont connaître un destin tragique.
De manière générale la série raconte ce qui a mené à la création de cette chanson de Yun Sim Deok, Hymn of Death, une oeuvre qui nous hante et traduit une tragédie vécue par la jeune femme. Celle d’un amour qui lui échappe alors que son propre pays court vers sa mort, que son identité est remise en cause quand une autre nation la piétine. Je dois avouer qu’écouter cette chanson après avoir vu la série lui donne une saveur très unique, on y sent aisément la tristesse qui s’en dégage, et si la série est très romancée pour coller aux standards du genre on ressent l’amour certain de son autrice pour l’histoire de cette femme. D’autant plus qu’en quelques trois épisodes d’une heure, les personnages prennent une épaisseur formidable tant par l’enjeu de leurs actions que leur environnement. Cette histoire de dramaturges résistants, par les mots et le jeu, est génialement tragique. Aussi théâtral qu’esthétique, c’est une série magistralement orchestrée et menée jusqu’à une fin annoncée dès les premiers instants, une fin à la hauteur de la légende avec un goût certain pour la mise en scène.
Les personnages prennent vie grâce à Shin Hye Sun, dans la peau de cette héroïne d’un autre temps, déterminée et d’une hauteur gracieuse alors que sa vie est mise en lambeaux. En face d’elle celui qui incarne son amour, Lee Jong Suk, acteur populaire dont l’élégance sied à son rôle.
Praise of Death
Si je parlais d’esthétique c’est évidemment pour la photographie de cette série, son goût pour la puissance des décors évocateurs de leur époque, pour les tenues au charme d’antan et à la mise en scène de destins croisés. La photo de Hymn of Death est son point fort, avec de nombreuses scènes qui m’ont donné envie de mettre la série sur pause et d’admirer attentivement chaque détail que nous offre l’image. L’actrice Shin Hye Sun incarne de la plus belle des manières cette soprano au destin terrible, tant par son interprétation que sa prestance et sa hauteur. A elle se joint une bande originale certes classique pour le genre, très attendue, mais qui néanmoins apporte une certaine tendresse à la violence de l’histoire qui se raconte. On aime évidemment le thème qui revient régulièrement au piano, pour sa délicatesse et son utilisation pleine de bon sens.
Hymn of Death est une curiosité : à mi-chemin entre l’histoire vraie et la romance, aux thèmes aussi variés que passionnants, la série nous emmène pendant trois épisodes dans un univers d’une beauté certaine. Si on devait parler de Netflix, son diffuseur international, on dirait que la plateforme américaine joue enfin un rôle intéressant : amener dans nos contrées une œuvre passionnante et inattendue à laquelle on aurait jamais eu accès autrement. C’est ce que je recherche avant tout sur ce genre de plateforme, et j’espère que cette critique pleine d’amour vous tentera de vous laisser aller à cette curiosité.
cet article m’a vraiment émue au point ou des larmes de joie ou de tristesse…(je ne saurais vraiment dire)coulent sur mon visage comme des gouttes de pluie. Merci pour ce résumé et cette description presque poétique dont vous nous avez offert.
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