A cappella ou Han Gong Ju est un film réalisé par Lee Su Jin. Primé dans divers festivals, ce film raconte l’histoire d’une adolescente contrainte de déménager et de refaire sa vie ailleurs à la suite d’un drame.
Han Gong Ju (Chun Woo Hee) était une lycéenne plutôt joyeuse et volontaire qui n’hésitait jamais à donner un coup de main à ses parents. Mais un jour, sous la gronde des parents de ses camarades, elle est forcée de quitter son lycée et de déménager. Ses nouvelles amies ayant découvert sa voix hors du commun la poussent à passer des auditions auprès d’une société de production musicale, mais Han Gong Ju ne veut pas, de peur d’être retrouvée. En effet, elle est la victime d’un viol collectif, ses bourreaux sont des fils de riches dont les familles sont prêtes à tout pour étouffer l’affaire.
I’m hurting inside
Le film s’attache à montrer la douleur que l’héroïne doit, d’une manière complètement dingue, cacher à tous. Elle tente de se reconstruire en vivant chez la mère de l’un de ses professeurs, qui malgré un accueil froid va finir par s’intéresser à elle et ce qu’elle a vécu. Elle découvre une lycéenne détruite, renfermée sur elle-même mais qui cherche à s’en sortir tout en évitant d’impliquer qui que ce soit d’autre dans son malheur. Han Gong Ju va se laisser prendre au jeu lorsque ses amies lui disent qu’elle a des chances de devenir chanteuse, mais son passé la rattrape rapidement.
On n’est pas dans une histoire où la victime se tait, ici elle c’est une jeune femme qui a parlé et qui a porté plainte. Ce n’est donc pas qu’elle est incapable de parler de ce qu’elle a vécu, c’est que quelques personnes l’en empêchent, la faisant presque passer pour complice de son propre malheur. Ses bourreaux sont influents, leurs parents ne semblent avoir qu’une chose en tête : faire en sorte qu’elle retire sa plainte, de manière à ne pas mettre en jeu l’avenir de leurs enfants. Cela donne une scène surréaliste, où les parents des bourreaux entrent de force dans la salle de classe de Han Gong Ju et lui crient dessus et la bousculent pour la forcer à signer un papier innocentant leurs enfants.
Se reconstruire seule
Han Gong Ju a tout perdu, en plus de déménager, ses parents ne lui parlent plus. Elle est laissée à l’abandon et c’est là que le film frappe très fort : on assiste à une situation qui paraît invraisemblable, où la victime d’un viol est rejetée de tous à cause de sa plainte, alors que les violeurs ne subissent aucun dommage. Le film interroge véritablement sur la place de la femme dans la société coréenne, et particulièrement sur celles qui sont victimes de viol. Est-ce une situation courante, le rejet de la victime ? Comme souvent dans les films coréens, il y a également une opposition entre riche et pauvre, entre les notables qui étouffent l’affaire et les démunis qui ne peuvent défendre leur enfant victime.
Porté par une incroyable actrice qui à elle seule vaut le visionnage, A cappella est un film touchant mais également rageant. Dans la veine d’un Silenced, on ressent l’impuissance de la victime qui, confrontée à une société qui ne donne pas beaucoup de poids à ses mots, est contrainte d’apprendre à vivre et se reconstruire sans l’aide de personne.
Martin Scorsese, Président du jury du Festival international du film de Marrakech au cours duquel A cappella a été primé, a affirmé qu’il s’agissait d’un « film remarquable, tant dans la mise en scène, que l’image, le son, le montage et l’interprétation »… Il est bien difficile de lui donner tort.
« on assiste à une situation qui paraît invraisemblable ». IKR? Le pire, c’est que ce n’est même pas irréaliste parce que c’est exactement ce qui se passe dans la réalité. Quand l’homme est un puissant, on rejette la culpabilité sur la victime qui ose parler. Ce qui est bien, c’est que le film met en scène quelqu’un qui est allé au bout de la démarche de parler malgré tout. ça peut paraître minime comme ça, mais c’est bien de montrer ça, même si on montre en parallèle comment les gens lui mènent la vie dure. ça permet de forger l’imaginaire collectif sur le fait d’encourager les victimes à ne plus se taire.
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Oui, habituellement les films nous montrent des femmes incapables d’en parler, à cause de la douleur, de la pression, etc. Et dans la réalité c’est un peu la même chose, les statistiques montrent que les victimes de viol ont encore du mal à en parler, pour plein de raisons.
Ce film détonne de ce qu’on voit habituellement car il met les pieds dans quelque chose qu’on n’a pas vraiment envie d’entendre : même quand la victime parle, on l’ignore. Pire, on la fait culpabiliser.
J’ai aimé le fait de montrer une lycéenne vraiment très forte, qui résiste malgré l’abandon de ses proches et la pression des parents.
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