Dernier né de la collaboration déjà morte entre Netflix et Disney-Marvel, la série centrée sur le Punisher était très attendue tant le personnage portait la deuxième saison de Daredevil. Son immoralité et sa violence laissait présager une série coup de poing, mais au final on assiste plutôt à une série somnifère.
Frank Castle (Jon Bernthal), désormais connu sous le nom du Punisher, vient enfin d’exécuter sa vengeance contre les responsables de la mort de sa famille. Mais au moment où il pensait pouvoir raccrocher et enfin s’éloigner de cette vie de violence, il met le doigt sur ce qui semble être une conspiration qui vise le groupe de vétérans dont il fait partie.
Ashes to Ashes
Introduit lors de la première moitié de la deuxième saison de Daredevil, le Punisher est un personnage déjà bien connu des amateurs de l’univers Marvel sur Netflix. Ancien militaire en quête de vengeance, il était poursuivi par la justice suite à sa vendetta où il cherchait à éliminer toutes les personnes impliquées dans le meurtre de sa famille. Personnage sombre et torturé, il détient évidemment un potentiel certain pour une telle série, à l’image des comics qui ont souvent flirté avec la limite entre hyper-violence et sensibilité d’un personnage atteint en son cœur. Avec l’excellente prestation de Jon Bernthal lors de son apparition dans la série Daredevil, j’attendais cette série centrée sur le Punisher avec énormément d’espoirs.
En effet, alors qu’il est toujours à la limite entre héros et vilain dans l’univers Marvel, le potentiel était là pour offrir un personnage plus nuancé et sincère que les Luke Cage ou Iron Fist qui avaient tendance à s’embourber dans un espèce de fantasme du super-héros. D’autant plus que Netflix cherche constamment à mettre ses héros à taille humaine, en les installant dans la vie de tous les jours et dans des contextes assez réalistes. C’est le cas encore une fois avec le Punisher, puisqu’on le suit dans sa tentative de reconstruction après les événements de Daredevil. C’est un homme brisé qui tente d’échapper aux autorités, et qui découvre un complot auprès d’un groupe de réunion de vétérans qui tentent, eux, d’échapper à leurs démons. Partant d’une bonne idée, la série va vite s’effondrer et ne devenir qu’une parodie de cet univers super-héroïque développé par Netflix depuis plusieurs années.
Se confondant sans mal avec n’importe quelle série qui traite du stress post-traumatique des vétérans de l’armée, The Punisher échoue à utiliser un personnage qui semblait pourtant avoir été parfaitement saisi par les créateurs de Daredevil. Jon Bernthal est prisonnier d’un personnage qui s’ignore et qui renie ce qu’il est. Ce Punisher tel qu’il est présenté est un anti-héros qui ne s’assume pas, un homme perdu, sans objectif. Si cette interprétation aurait pu être intéressante, force est de constater qu’on s’éloigne beaucoup du personnage découvert à l’époque. Exit son ultra-violence et son goût certain pour les armes à feu, et place à un récit d’action assez classique. D’autant plus que la série montre que The Defenders n’était pas une erreur mais bien une nouvelle spécificité des productions Marvel-Netflix : c’est très, très mal produit. Les erreurs de montage et les coupes improbables sont encore de la partie, les scènes d’action sont souvent risibles à l’image de celle de la forêt, et l’intensité dramatique est souvent foutue en l’air par une ambiance sonore à la ramasse ou des répliques improbables. Heureusement, le Punisher évite l’infirmière-assistante de super-héros Claire Temple, la production ayant peut-être réalisé que le running gag a assez duré. Il y a des qualités pourtant à ce Punisher, notamment Jon Bernthal qui est l’acteur parfait pour ce rôle ou même le principal antagoniste qui offre une opposition intéressante, notamment lors du combat final. Quelques scènes, à la fin de la saison, sont particulièrement jouissives et montrent que parfois la série peut être à la hauteur du personnage.
Broken
Mais dans l’ensemble cette nouvelle série échoue exactement là où la plupart des autres séries Marvel-Netflix ont échouées. La série n’a rien à raconter, elle tire en longueur une histoire qui aurait pu se résoudre en une poignée d’épisodes et il faut attendre les dernières minutes pour qu’enfin, il se passe quelque chose. Le rythme en dents de scie est une véritable habitude de ces séries-là, et montre à quel point les showrunners n’ont aucune idée de la direction à prendre. Car des bonnes idées il y en avait. Quelques scènes brillent par leur photographie, la relation entre Karen Page (Deborah Ann Woll) et Frank Castle est intéressante, le moment où le Punisher se révèle enfin est très fort. De manière générale, le personnage avait un potentiel énorme. Mais encore une fois, et c’est la même critique que j’adressais aux Defenders : c’est extrêmement mal produit. C’est assez dingue que des séries avec un tel budget, qui sont censées être des produits d’appel pour Netflix, soient produites d’une telle manière. On y voit des faux raccords inadmissibles, une paresse incroyable dans les scènes d’action, des contresens et une direction d’acteurs à la ramasse. La bande originale est bien trop timide et n’apporte rien à la série, tandis que la réalisation se cantonne encore à l’exposition maladroite du quartier où se déroule l’action, toujours cet éternel New York sale et malfamé. Finalement le plus grand problème de The Punisher est probablement cette absence totale de prise de risque, qui se ressent également dans les autres séries Marvel-Netflix. Peu importe le personnage, peu importe l’histoire, tout est traité de la même manière et dans le même contexte.
Cette première saison est donc une immense déception. Série sans objectif qui n’a plus rien à raconter après trois épisodes, elle sombre peu à peu jusqu’aux oubliettes et nous rappelle une dernière fois qu’on ne peut décemment rien attendre des productions Marvel-Netflix. Pas même divertissante au contraire de ses aînées, la série portée par Jon Bernthal n’a que lui pour la sublimer, et quelques fulgurances ici et là qui apparaissent comme de vains caches-misère. Netflix a annoncé récemment une deuxième saison pour la série, un exercice qui s’annonce d’ores et déjà périlleux pour des showrunners qui semblent n’avoir aucune idée de ce qu’ils font.