Maniac est une mini-série réalisée par Cary Fukunaga pour le compte de Netflix. A mi-chemin entre drame et comédie noire, ce récit de science-fiction nous emmène dans un monde alternatif où un superordinateur serait capable de guérir l’esprit des personnes atteintes de troubles psychiques.
Annie Landsberg (Emma Stone), atteinte par la dépression, et Owen Milgrim (Jonah Hill), atteint de troubles paranoïaques et schizophrènes, acceptent de participer à un essai clinique où de mystérieux docteurs prétendent étudier les troubles psychiques. Leur objectif est pourtant bien compliqué : créer un traitement capable de guérir les personnes atteintes de troubles psychiques.
Hello Darkness
De la contestation de théories de la psychanalyse à la sensibilité de personnalités aux troubles divers, Maniac est une mini-série étonnante. Avec son casting cinq étoiles, la série de science-fiction à la limite de l’absurde propose de se plonger dans l’esprit tortueux de jeunes gens rejetés par leurs proches. Au moins aussi atypiques que l’esprit barré de la personne qui a imaginé cette histoire, les personnages sont invités à plonger dans leurs plus terribles craintes, mais le plus souvent dans des fantasmes où s’expriment tous leurs rêves. C’est leur personnalité qui est mise à l’épreuve alors que le réalisateur s’amuse, avec comme prétention l’esprit de ses personnages, à les mettre en scène à différentes époques, dans différents rôles, chaque fois en permettant aux spectateurs d’explorer un nouveau problème qui les empêche d’atteindre une certaine forme de bonheur. Un couple paumé en banlieue, des escrocs en 1940 ou héros d’un monde de fantasy, Maniac emmène ses cobayes interprétés par Emma Stone et Jonah Hill dans des mondes aussi riches qu’inattendus. Chaque monde vient nous raconter quelque chose sur leur esprit, sur leur vie, leur passé et leur avenir, tandis que se déroule en sous-texte une histoire d’amour sous forme de thérapie entre les responsables de l’expérience, les docteurs James Mantleray et Azumi Fujita. Respectivement joués par Justin Theroux et Sonoya Mizuno, les deux sont les véritables stars de la série : presque voyeurs, souvent malsains, les deux personnages sont probablement les premiers qui devraient bénéficier de ce traitement miracle contre les troubles psychiques. Pourtant ces deux-là s’acoquinent comme ils peuvent avec un superordinateur en dépression complètement improbable, qui refuse rapidement de coopérer et de soigner les patients.
La véritable réussite de cette série, parce que disons le clairement, je l’ai adoré, c’est la mise en place d’un univers original qui mêle la science-fiction à un quasi voyage dans le temps. Sous le prétexte de l’imagination de ses personnages, leurs troubles se matérialisent à des époques diverses, avec des tonnes d’indices comme une gigantesque énigme à résoudre. Presque dans un jeu de piste, chacun enfile des casquettes différentes à chaque épisode pour faire évoluer l’intrigue vers un dénouement où l’expérience est victime de ses propres dysfonctionnements, comme un symbole pour des personnages aux troubles psychiques divers, qui doivent apprendre à vivre avec leurs traumatismes pour avancer. La série n’a évidemment pas vocation à dépeindre quoique ce soit de réaliste, en ce qui concerne l’aspect médical, et c’est justement cette énorme liberté prise avec la réalité qui permet à Maniac de nous emmener dans une comédie noire, jusqu’à l’absurde, où le cerveau humain ne devient qu’un jouet pour un superordinateur plus sensible que ses créateurs. Maniac inverse véritablement la dynamique entre l’esprit tel qu’il est et celui qui est créé par celui-ci : je parle d’intelligence artificielle, avec un ordinateur soudain doté de sentiments, et qui, malgré un retrait évident au profit des personnages, constitue un élément central du récit. C’est les émotions de ce superordinateur qui vont être à l’origine des aventures, mais surtout c’est ces sentiments qui le substituent à un thérapeute.
Maniac, Maniac
Cary Fukunaga, dont bien des gens retiennent pour son travail sur True Detective, et on l’espère bientôt sur le prochain James Bond, nous sert là une oeuvre véritablement singulière. Adaptée d’une série norvégienne que je n’ai malheureusement jamais vu, cette mini-série (qui n’aura donc pas de deuxième saison) est un véritable plaisir tant pour son intrigue tentaculaire, ses acteurs et actrices que pour sa mise en scène. On connaît son goût pour la mise en scène et les symboles, de l’enquête policière fut un temps à aujourd’hui cette recherche quasi mystique dans l’âme de ses sujets. Maniac est une série étonnante, une expérience singulière où l’on admire sans cesse cette capacité du réalisateur à proposer une image formidable, pleine de sens, qui donne force à ses acteurs et actrices. Emma Stone est évidemment fabuleuse, comme Justin Theroux, mais on y voit aussi Jonah Hill et Sonoya Mizuno proposer des choses vraiment intéressantes.
Belle surprise que cette mini-série, alors que Netflix se lance dans l’arène d’un format où son concurrent HBO s’épanouit depuis un bout de temps. L’avantage du format est la garantie d’y avoir une vraie fin, mais aussi de permettre à un réalisateur d’y installer véritablement sa vision, sans jamais en dérouter au gré des audiences et désirs des spectateurs. Maniac est une réussite, et j’espère que Netflix proposera ce genre de format plus souvent.
Ton article me donnait furieusement envie jusqu’à ce que j’apprenne que le réalisateur est le même que celui de True Detective… maintenant j’ai peur ! :D
Mais je tenterai l’expérience quand même à l’occasion, le propos a l’air vraiment intéressant à suivre. Merci pour la découverte !
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Tu me dira ce que t’en pense :D
Autour de moi soit ça adore, soit ça déteste.
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