On ne va pas se le cacher, s’il y a un film de zombies coréens que l’on attendait cette année, c’est plutôt Peninsula. Mais la suite de Dernier train pour Busan n’arrivera que le mois prochain dans nos contrées, alors certains tentent de s’engouffrer dans la brèche tel des zombies affamés en nous amenant #ALIVE, un film de genre réalisé par Il Cho, qui signe son premier long métrage, et distribué à l’international par Netflix. Particularité : le film confine ses deux personnages dans deux immeubles envahis par les monstres.
Enfermés, chacun dans son appartement, un homme et une femme (incarnés par Yoo Ah-in et Park Shin-hye) tentent de survivre à l’impossible : un soudain virus s’est propagé dans les rues, transformant leurs voisins en zombie. Isolés face à l’horreur, les deux tentent de s’entraider pour s’en sortir.

Les zombies qu’on n’attendait pas
#ALIVE a peut-être réussi son plus gros coup en sortant cette année. Avec sa sortie il y a quelques jours sur Netflix (et dans les cinémas coréens en juin dernier), le film nous ramène tout droit vers ce curieux moment où nous étions confinés, pour les chanceux qui n’avaient pas à travailler à ce moment-là. Mais ici il est plutôt question d’un virus qui pousse les humains à se bouffer entre eux, dans la plus pure tradition des histoires de zombie. D’ailleurs le film emprunte beaucoup à ses prédécesseurs en allant même piocher du côté des jeux vidéo, peut-être inconsciemment, avec une séquence qui met en scène une policière dans une ambiance qui rappelle beaucoup les premiers Resident Evil. Mais si le confinement est une si bonne idée c’est parce que le film l’exploite à merveilles avec ce danger qui entoure un lieu considéré comme sain et protégé, comme si deux mondes s’affrontaient. Un choix bien senti pour le cinéaste qui peut, facilement, tempérer l’action de son film en passant régulièrement du calme à la tempête grâce à ce petit coin de « paradis » qui permet à ses personnages de conserver un semblant de normalité dans une situation impossible. Une dynamique plutôt rigolote s’installe d’ailleurs entre ses protagonistes, prisonniers de leurs propres appartements et qui usent de moyens détournés pour s’entraider. Il est maladroit et pas bien finaud, elle est maline et débrouillarde, les deux forment un duo qui se complète à la perfection pour lutter contre une invasion dont ils ne connaissent rien.
Une autre réussite du film tient à sa mise en situation qui tire autant sur la comédie que le drame. Si le ton est résolument porté sur le rire, le film aborde montre pourtant des scènes extrêmement douloureuses pour ses personnages qui voient leurs espoirs s’évaporer jour après jour. Les idées noires prennent vite le pas sur l’instinct de survie, des idées que le cinéaste met parfois en scène avec les réseaux sociaux. L’utilisation d’un hashtag en guise de titre du film ne tient pas au hasard, puisque dans son histoire le héros documente sa survie dans des courtes vidéos qu’il publie sur un réseau social. Dans un genre complètement différent, cela évoque #Jesuislà qui abordait aussi sa narration au travers d’un simili-Instagram, mais #ALIVE l’utilise essentiellement au service de ses ruptures de ton : si les interactions réelles entre les personnages et les zombies relève parfois de la comédie ou du burlesque, les vidéos tournées pour les réseaux sociaux permettent quant à elles de montrer la face cachée de cette douloureuse situation. On y découvre un jeune homme qui a peur et qui croît de moins en moins à ses chances de survie. Sans pour autant révolutionner le cinéma de genre, cette dualité narrative offre une approche relativement originale du film de zombie.

Un confinement dérisoire
Alors certes, l’ensemble manque certainement de finesse. Parfois grossier, le montage du film laisse assez peu de temps pour respirer et prendre du recul sur une situation qui en mériterait peut-être plus. Yoo Ah-in ne tient pas là la performance de sa carrière, pas plus que Park Shin-hye, alors #ALIVE a tout du film sympathique pour passer la soirée sans pour autant en attendre monts et merveilles. Même si on aurait aimé que Netflix parle un peu plus du film plutôt que de le sortir dans l’anonymat le plus complet. Enfin, on a l’habitude avec eux. Mais tout de même, le réalisateur peut se targuer d’avoir su utiliser pleinement l’espace comme élément narratif de son histoire : les appartements, les longs couloirs ou le parking qui les sépare, tout joue un rôle décisif dans sa manière de raconter les différentes situations. Personnage à part entière, l’environnement dans lequel évolue ses protagonistes est changeant, vivant, il voit ses propriétés et sa dangerosité évoluer au fil des jours.
Aussi sympathique qu’inattendu, #ALIVE part d’une invasion zombie tout ce qu’il y a de plus classique au cinéma pour nous emmener vers une histoire de confinement. Jouant autant sur les faiblesses de ses personnages que sur un environnement essentiel à leur progression au sein du récit, le réalisateur s’amuse et les confronte aux réseaux sociaux pour raconter leur histoire, souvent sur le ton de l’humour. Pas irréprochable pour autant, le film reste tout à fait divertissant.