Les conférences de l’E3 2016, entre suites et surprises

L’Electronic Entertainment Expo, plus communément appelé E3, est un salon de jeux vidéo qui prend place à Los Angeles chaque année. C’est l’occasion pour les éditeurs et constructeurs de dévoiler leurs jeux et consoles à venir. Entre moments gênants et annonces improbables, c’est un rendez-vous important pour l’industrie.

Depuis un certain nombre d’années je ne manque pratiquement plus une conférence de l’E3. Si le bullshit marketing est de mise chaque année avec des trailers qui ne correspondent pas vraiment aux jeux à leur sortie, des gens qui font semblant de jouer en direct et des dates de sorties trop optimistes, c’est aussi l’occasion de découvrir ce à quoi on va pouvoir jouer dans les prochains mois. Comme chaque année, Microsoft et Sony y ont fait leur conférence la veille de l’E3, tout comme les éditeurs Ubisoft, Bethesda et Electronic Arts. L’année dernière on avait vu pour la première fois une conférence réservée au jeu PC, ça a été encore le cas cette année pour un résultat (un peu) moins gênant.
Je vais, dans la suite de cet article, parler de ce qui m’a plu ou non dans chaque conférence, mes attentes et mes craintes, mais sans chercher à être exhaustif car beaucoup de jeux m’ont laissé complètement indifférent.

Electronic Arts

Comme à son habitude, l’éditeur américain n’a proposé aucune surprise. On a eu droit à ses licences annuelles, et c’est pratiquement tout. Ils ont tout de même annoncé leur label EA Originals, qui vise à soutenir les développeurs indépendants en éditant leurs jeux tout en leur reversant l’intégralité des bénéfices. L’idée est bonne et semblable à ce que fait déjà Ubisoft depuis un bout de temps, maintenant le jeu qui a été présenté pour l’occasion, nommé Fe, ne m’a pas donné envie d’en voir plus. C’est un énième jeu aux tendances poétiques dans un univers monochrome accompagné d’une musique chiante. Je peux me tromper, mais Unravel m’a beaucoup plus fait rêver il y a quelques mois.

Du côté des licences sportives je retiens FIFA 17 qui cette année va inaugurer l’utilisation, pour la première fois, du moteur de jeu Frostbite (utilisé jusque là sur les Battlefield notamment). C’est une annonce surprenante, mais il n’y a pas grand chose à dire pour le moment : aucune image de gameplay, seulement des cinématiques présentant le mode carrière qui, à la manière des NBA 2k, sera entièrement scénarisé. J’en attends rien honnêtement, même si au fond j’espère que ce changement de moteur permettra de revoir en profondeur le gameplay du jeu, je connais suffisamment EA pour savoir qu’ils ne changeront rien à part l’emballage. L’histoire retiendra de cette annonce la prestation gênante sur scène d’un mauvais acteur, très théâtrale, dans le rôle d’une étoile montante du football.

Heureusement au-delà du sport habituel, EA a un peu parlé de licences plus attendues : Battlefield 1 s’inscrit officiellement dans un contexte historique crédible, mais il m’est impossible de les prendre au sérieux en voyant une partie multijoueur où les joueurs courent partout avec des armes automatiques (pour rappel, le contexte c’est 14-18, la guerre des tranchées). Pire, malgré des scènes des combats en France et des chars français, il n’y aura aucun soldat français. Vous la sentez venir la bataille de Verdun avec des héros américains et anglais ? Il ne faudrait pas froisser les plus grands consommateurs de la licence habitués aux blagues sur la lâcheté française et le drapeau blanc. Je pense qu’on a suffisamment bouffé de héros américains dans les différents FPS, EA et Dice ratent l’occasion, avec la Première Guerre Mondiale, de mettre en avant un héros français.
Ils ont aussi parlé de Mass Effect Andromeda, le jeu a été annoncé à l’E3 2014 et trois présentations plus tard, ils sont toujours incapables de montrer autre chose qu’un carnet de développeurs, des artworks et des images furtives du jeu. C’est clairement inquiétant, le jeu est censé sortir début 2017 et pourtant on n’a encore rien vu. J’ai été très déçu du coup, c’est un jeu que j’attends et j’espérais en voir beaucoup plus.
Enfin, Jade Raymond, la productrice à l’origine d’Assassin’s Creed, est venue nous parler de la licence Star Wars. Après un Battlefront en demi-teinte, EA compte bien essorer la licence jusqu’au bout et a présenté divers titres dans cet univers. Je retiens un Star Wars développé par Visceral Games (Dead Space), on n’a rien vu du jeu mais l’idée de revoir un jeu d’aventure sur cette licence m’emballe beaucoup.

Bethesda

Ça va aller assez vite : pas grand chose ne m’intéresse chez Bethesda. Je retiens surtout le nouveau trailer de Dishonored 2 qui semble dans l’esprit du premier, un jeu que j’avais beaucoup aimé. A côté il y a eu l’annonce de Prey, un deuxième opus qui avait été annoncé il y a plusieurs années, puis annulé, et maintenant annoncé à nouveau. L’univers a l’air bien différent de celui du premier, mais ça m’intrigue pas mal.

Microsoft

Le constructeur américain a probablement fait la conférence la plus improbable de ces dernières années. Je m’attarderais pas beaucoup sur les jeux annoncés car ils ne m’intéressent malheureusement pas pour la majorité, mais je reviendrais surtout sur leur stratégie.

Une stratégie que j’ai du mal à comprendre. En effet, la conférence a été un véritable aveu d’échec de la part de la division Xbox du géant américain, puisque chacune des exclusivités Xbox ont porté la mention « Windows 10 » : à partir de maintenant, tous les jeux exclusifs à Microsoft sortiront à la fois sur PC et sur Xbox One. Si ça n’empêchera pas beaucoup de gens d’acheter la One pour une raison de budget ou de facilité, c’est la suite de la conférence qui tache. Cela a d’ailleurs été très bien résumé par un tweet du compte parodique Kaz Hirai.

Malgré la dérision du tweet, c’est un triste constat de la réalité. Microsoft a annoncé la Xbox One S, une console plus petite que sa grande soeur, bénéficiant d’un lecteur 4k (qui ne servira à rien) mais qui sera également légèrement plus puissante. Mais parce qu’il aurait été trop évident de s’arrêter là, Microsoft en a profité pour annoncer également le Project Scorpio, une nouvelle console censée sortir fin 2017. Celle-ci sera « la console la plus puissante de l’histoire » (ils l’ont vraiment dit) et bénéficiera d’une entière rétrocompatibilité avec la Xbox One. Ils s’orientent clairement vers une amélioration régulière des Xbox, tous les 3 ou 4 ans, tout en conservant le même système d’exploitation et la même architecture à la manière des PC. Les Xbox deviendront alors de véritables mini-PC de moyenne gamme. Ainsi, quel intérêt pour un joueur d’acheter une Xbox ? S’il faut dépenser 400€ tous les trois ans, autant les investir à la même fréquence dans l’amélioration d’un PC.
Alors certes, la Xbox One actuelle pourra faire tourner les jeux Xbox One S et Scorpio, mais dans quel état ? Cette console a déjà atteint ses limites avec Quantum Break, et en l’espace d’un an l’écosystème Xbox connaîtra deux améliorations successives. Difficile d’affirmer dans ces conditions que les jeux qui sortiront en 2018 sur Scorpio pourront tourner dans des conditions honorables sur One.

En ce qui concerne les jeux montrés, rien de nouveau, c’est les licences habituelles : Forza Horizon 3, Gears of War 4, Halo Wars 2, dont j’ai fait dix fois le tour et qui ne m’intéressent plus du tout. Peut-être Halo Wars 2 à la limite, car le RTS console est un genre qui se fait rare, et que le premier était étonnamment très agréable à jouer. Je retiens aussi Scalebound qui, après une première annonce qui m’intriguait, m’a complètement refroidi avec une séquence de gameplay très basique et qui pue le réchauffé. Finalement seul We Happy Few, un jeu « d’infiltration sociale » aux faux airs de Bioshock m’intéresse, pour son univers déjanté.
Bien sûr tous ces jeux seront disponibles en même temps sur Xbox One et PC. D’ailleurs Microsoft en a profité pour annoncer le cross-buy : acheter en version dématérialisé la version One ou PC donnera automatiquement droit d’y jouer également, sans surcoût, sur l’autre plateforme. Concernant le cross-play il sera aussi de mise avec la possibilité pour les joueurs PC et console de jouer ensemble en ligne.

PC Gaming Show

C’est la conférence de l’échec, de la tristesse, les moments gênants sont nombreux et encore, ils se sont améliorés par rapport à l’année dernière. C’était quand même bien trop long.
Honnêtement je joue assez peu sur PC du coup la majorité des licences proposées ne me parlaient pas beaucoup, mais je retiens tout de même Vampyr, le nouveau jeu des français de Dontnod à l’origine du sympathique Remember Me et le fabuleux Life is Strange. Cette fois-ci ils s’attaquent au mythe des vampires, on ne sait toujours rien sur le système de jeu et l’histoire, mais le simple fait que ça vienne de Dontnod suffit à m’intéresser.
Deuxième et dernier jeu qui m’intéressait, Dawn of War 3, cette fois-ci c’est plutôt la douche froide avec un jeu qui a l’air plutôt mou du genou. Je garde un oeil dessus quand même, puisque j’adore la licence.

Ubisoft

C’est probablement la conférence qui a mis en avant le plus de jeux et de vidéos de gameplay, puisque la plupart des jeux présentés sortiront dans les prochains mois. Le moment gênant a eu lieu à l’ouverture de la conférence avec une chorégraphie improbable et des costumes de kermesse, le tout pour promouvoir le dernier Just Dance.

L’éditeur français a rapidement évacué Watch Dogs 2. Déjà présenté sur un stream il y a quelques jours, ils se sont contentés cette fois-ci d’une longue vidéo de gameplay qui a mis en avant les nouveautés du jeu. Le fait que ça se déroule à San Francisco m’emballe pas mal, l’histoire semble aussi s’inspirer de la série Mr Robot et ce n’est pas une mauvaise chose, par contre le héros n’a aucun charisme. On verra ce que ça va donner.
Plus intéressant cette fois-ci, South Park : The Fractured But Whole (appréciez le jeu de mot) a l’air très drôle, dans la veine du premier qui sera offert pour l’achat du jeu peu importe la plateforme. Ça confirme donc un portage du premier vers la PS4 et la One, ce qui fait plaisir.
Ils ont ensuite concentré leurs efforts sur la réalité virtuelle. Entre Star Trek VR, un jeu en coopération locale nécessitant pour chacun un casque (entre 600 et 900€ selon le casque, pour les soirées entre riches) et un jeu de capture de drapeaux avec des aigles dans le ciel de Paris (sans déconner) nommé Eagle Flight, c’était un beau moment de fou rire. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’ils étaient bien sérieux.
Mais la plus grande surprise c’est Steep, un jeu de snowboard et ski en monde ouvert développé par Ubisoft Annecy. Le genre se fait rare (alors qu’il y en avait des dizaines à l’époque de la PS1) donc ça m’intéresse beaucoup. Pour le coup, c’est le genre de jeu qui serait sûrement génial avec un casque de réalité virtuelle.

La conférence d’Ubisoft s’est achevée avec un discours de Yves Guillemot, PDG de la société. Dans ce qui ressemble à une pique à Bolloré et Vivendi, qui tente de s’emparer d’Ubisoft, il a affirmé « quand vous êtes libres, il n’y a pas d’échec, il n’y a que du futur ». Si on peut reprocher beaucoup de choses à Ubisoft et notamment sa gestion de certaines licences (comme Assassin’s Creed), il faut avouer qu’il s’agit d’une des dernières très grosses boîtes de jeux vidéo dirigée par un joueur. C’est ce côté là d’Ubisoft qui a permis le développement de jeux comme Child of Light ou Soldats Inconnus, des perles loin des super-productions, qui n’auraient sûrement pas leur place en cas de rachat par Vivendi.

Sony

Le constructeur japonais a vu les choses grand, avec un orchestre aux pieds de la scène dirigé par Bear McCreary (Battlestar Galactica), chacun des intervenants est arrivé avec musique épique et grandiloquence caractéristique de la firme chaque fois qu’elle est en position de force sur le marché des consoles. Avec l’aveu d’échec de Microsoft, Sony avait un boulevard pour dérouler et finir de convaincre les derniers réticents. Et ils s’en sont plutôt bien sortis. De cette conférence j’ai retenu pas mal de choses, après la déception Microsoft qui m’a juste donné envie de revendre ma Xbox One, Sony a su proposer du jeu vidéo et étonnamment, a plutôt délaissé son casque de réalité virtuelle Playstation VR qui va pourtant très bientôt sortir.

Le nouveau God of War s’est enfin dévoilé. Je ne sais pas encore si j’ai aimé ce que j’ai vu. L’univers nordique m’attire pas mal, mais le gameplay semble avoir changé avec une vue TPS et une mollesse générale loin de la mise en scène épique des précédents jeux de la licence. J’attends de voir.
The Last Guardian va vraiment sortir à la fin de l’année, moi qui m’attendais au dixième report du jeu. On semble enfin voir le bout du tunnel pour le bébé de la Team ICO qui à l’origine devait sortir sur PS3. En général les développements à rallonge ne sont pas bon signe, mais j’ai envie d’y croire. Quant à Horizon Zero Dawn, annoncé l’an dernier, il se dévoile encore un petit peu plus et se focalise sur l’aspect RPG. L’idée de chasser du dinosaure robotique me plaît bien mais je peine toujours à me laisser convaincre par l’univers, trop froid, trop vide.
Le studio français Quantic Dream, décrié pour ses jeux qui n’en sont pas vraiment, a montré de nouvelles images de son Detroit Become Human. L’univers futuriste aux tendances de Blade Runner me séduit complètement, mais je suis plutôt client des jeux du studio. Cette conférence a aussi été l’occasion de découvrir les premières images de Resident Evil 7, qui semble vouloir s’éloigner de l’action des derniers épisodes et revenir aux fondamentaux : oppressant, inquiétant, il ne faudra pas se rater chez Capcom, qui a perdu de très nombreux fans avec Resident Evil 5 et 6.
Surprise également avec l’annonce d’un jeu Spider-Man développé par Insomniac Games. Les développeurs de Ratchet & Clank et Sunset Overdrive s’essaient cette fois-ci au jeu à licence. Est-ce qu’un développeur qui a prouvé son savoir faire saura créer enfin un bon jeu Spider-Man ? Je l’espère, ça fait bien longtemps que j’attends ça.
Au milieu de tout ça, on a eu droit au 127ème jeu de survie après une pandémie. Ca ressemble à The Last of Us avec un biker, et ça s’appelle Days Gone. Honnêtement je n’en peux plus de ce type de jeu, il va vraiment falloir qu’il soit au-dessus du lot pour que je m’y intéresse.

Enfin, le climax de la nuit c’est deux annonces :  un remaster de Crash Bandicoot 1, 2 et 3. Si j’espérais un nouveau jeu, ce sera avec plaisir que je redécouvrirais les aventures de ce personnage qui a disparu pendant beaucoup trop longtemps. L’autre annonce, c’est Death Stranding, le premier jeu de Hideo Kojima depuis son éviction de Konami. Après l’annulation de Silent Hills annoncé en grandes pompes par Konami il y a deux ans, le japonais revient encore avec Norman Reedus en héros. C’est un trailer intriguant qui a été proposé, si on ne sait rien du jeu à l’heure actuelle, c’est tout de même un projet que je vais surveiller de près.

Un E3 2016 surprenant

Surprenant du fait de l’orientation de Microsoft qui semble abandonner la guerre face à Sony, surprenant car ces derniers n’ont absolument pas parlé de la nouvelle PS4 (nom de code Neo) et ont mis de côté le Playstation VR malgré sa sortie prochaine. Mais au-delà de ces surprises, on a quand même pu voir quelques annonces intéressantes qui promettent des prochains mois riches en jeux. Si tout ne sera pas aussi bon que prévu, je suis assez optimiste sur l’avenir de la PS4 et du PC, moins en ce qui concerne la Xbox One.
Du côté de Nintendo il n’y a pas grand chose à attendre dans la mesure où ils préfèrent leurs présentations maison dans les « Nintendo Direct ». Peut-être plus d’information sur leur prochaine console, mais ça ne m’intéresse pas énormément.

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